Webzine Le Net Blues
Par: Fred Delforge ( France ) www.zicazic.com
Photos: Mike Lécuyer
Blues Sur Seine
7 novembre 2003

C'est ce soir que démarre officiellement pour le public la 5ème édition de Blues-sur-Seine et si le cortège des VIP et autres sommités du blues a déjà l'air bien fatigué par les activités des jours précédents, le public est bien en forme et attend de pied ferme cette soirée d'ouverture. La Nacelle est remplie aux trois quarts de sa capacité, ce qui constitue déjà un exploit en soi quand on considère que certains spectateurs ont demandé le remboursement de leur billet suite à l'absence de Bob Walsh, opéré en urgence deux jours plus tôt … Dommage car la défection du maître de cérémonie allait donner lieu à un spectacle quelque peu inattendu !
 

www.blues-sur-seine.com
C'est Riverside Blues, groupe lauréat de la Relève Festiblues de Montréal 2002 qui se charge de chauffer la salle et une chose est certaine, les trois artistes n'auront aucun mal à nous rassasier de leur vieux blues des années 30 qui emprunte le son et l'ambiance au delta et nous délecte de ses clins d'œil permanents à leur modèle, Robert Johnson. Accolés à la grosse voix rugueuse de Martin Goyette et à son harmonica magique, les guitares acoustiques de Patrick Robert et Tytus Zurawski n'ont cesse de nous promener sous le halo bleuté qui surplombe la scène. Instants magiques que nous offrent en général les groupes québécois, Martin nous amuse de ses interventions où il accentue son accent et insiste sur les adaptations faites à la langue française pour lui donner les couleurs du Nord de l'Amérique … Riverside Blues nous offre quelques ''tunes'', salue copieusement Robert Johnson au travers de " Me and the Devil Blues ", " Stop Breakin' Down ", " Crossroads " et tant d'autres, nous présente " Hard Times ", composition personnelle du groupe qui rappelle quelque peu Clapton et nous quitte après une heure d'un concert ponctué par un rappel d'anthologie où le guitariste gaucher le plus célèbre de la planète est revisité en meddley et en acoustique au travers de ses plus grands morceaux qui vont de " Hey Joe " à " Voodoo Child " en passant bien entendu par l'incontournable " Purple Haze ". 

Pour compenser la défection de Bob Walsh, il était prévu que Gaston Breton, ex-bassiste, ami et également chanteur viendrait le remplacer au pied levé … C'était sans compter sur la passion de Martin Goyette pour Walsh, qui connaît par cœur le répertoire du bluesman Québécois et qui proposait de venir lui aussi apporter son soutien au groupe ! Deux chanteurs donc, mais également une configuration originale puisque c'est le quatuor à cordes Allard qui accompagne les musiciens de ses violons, son alto et son violoncelle. Apportant une touche harmonique, voire symphonique, et quelque peu cérébrale au blues de Bob Walsh, les cordes n'empêchent en rien la spontanéité du groupe et l'harmonica de Guy Bélanger vient régulièrement en découdre avec les ivoires de Jean-Fernand Girard. La première partie du spectacle est marquée par une reprise de BB King, " The thrill is gone ", revue et corrigée à la sauce Walsh et par la cover du " Je voudrais être noir " de Nino Ferrer, tandis que la seconde moitié du set voit l'arrivée de neuf jeunes musiciens de l'Ecole Nationale de Musique de Mantes-la-Jolie qui apportent, eux aussi, leur lot de violons, altos et autres violoncelles pour en arriver à une imposante section de cordes.
Riverside Blues
Bélanger orchestre le tout et fait un clin d'œil à son ami Bob Walsh, chante " Ma Tune ", un des ses rares titres en Français, et le concert s'achève, non sans avoir proposé " Georgia on my mind ", " St James Infirmery ", emprunté au traditionnel, et un excellent " You're so beautyfull " sur lequel la complicité entre Guy Bélanger et Martin Goyette, qui ne se connaissent pourtant que depuis 48 heures, est particulièrement palpable. Il y a fort à parier que ces deux là vont très vite se retrouver quand ils rentreront à Montréal …

En attendant, La Nacelle se vide. Les badauds se plaisent à admirer les superbes clichés de François Berton qui trônent aux murs. Il reste seize journées avant que Blues-sur-Seine ne soit entièrement consommé. Long is the road, et pourtant …

Tremplin Blues-sur-Seine - CAC Georges Brassens - Mantes la Jolie - 9 novembre


Heureuse surprise que nous avait réservé le public puisqu'il avait daigné abandonner son sacro-saint déjeuner dominical pour venir se masser dès 14 heures dans le CAC Georges Brassens et assister à la finale du tremplin national Blues-sur-Seine organisée par Mike Lecuyer et présidée par Mighty Mo' Rodgers en personne …

Huit groupes, venus de divers horizons, devaient en découdre pour se répartir les huit trophées décernés … On commencera par évoquer le grand perdant de la soirée, Anquetil Blues Band, venu spécialement de Caen et reparti chez lui les mains vides malgré une prestation de haute volée … Souvent très proche de la victoire, le groupe normand aura raté plusieurs fois d'un poil le titre suprême, le jury, dont nous faisions partie, ayant sans doute préféré donner une chance à des combos moins connus.

Pour les traiter dans leur ordre d'apparition, on se souviendra que le trio Harpsliders est retourné dans le Nord avec le Prix Blues Passions de Cognac en poche, que Djam Deblouze a regagné le Sud pour y savourer son " Pastiche de Marseille " avec les 1200 Euros du Prix de la Fondation La Poste qui récompense les textes en Français ou que les Parisiens de Big Brazos iront se produire lors du prochain Festival de Cahors dans la catégorie acoustique.

Grands gagnants de la soirée, les Stringers In The Night remportent non seulement le Prix du meilleur groupe acoustique mais également le Prix Festiblues de Montréal … Gégé et Arnaud, qui avaient déjà recueilli une standing ovation pour leur prestation, ont eu beaucoup de mal à cacher leur émotion à l'idée d'aller se produire devant plus de 20000 personnes dans le parc Ahuntsic pour l'édition 2004 du festival québécois … Malek et son Little Big Band rentrent dans le 9.3 avec le Prix du meilleur groupe électrique, les Valdoisiens de Bluesy Train empochent les 600 Euros du Prix de la Sacem et pour terminer, ce sont Stincky Lou & the Goon Mat qui iront représenter Lille au prochain Festival de Cahors dans la catégorie électrique …
Stringers In The Night - Photo: Patrick Demathieu
 Grands gagnants de la soirée, les Stringers In The Night remportent non seulement le Prix du meilleur groupe acoustique mais également le Prix Festiblues de Montréal … Gégé et Arnaud, qui avaient déjà recueilli une standing ovation pour leur prestation, ont eu beaucoup de mal à cacher leur émotion à l'idée d'aller se produire devant plus de 20000 personnes dans le parc Ahuntsic pour l'édition 2004 du festival québécois … Malek et son Little Big Band rentrent dans le 9.3 avec le Prix du meilleur groupe électrique, les Valdoisiens de Bluesy Train empochent les 600 Euros du Prix de la Sacem et pour terminer, ce sont Stincky Lou & the Goon Mat qui iront représenter Lille au prochain Festival de Cahors dans la catégorie électrique …

Que dire de plus, si ce n'est que pendant les délibération, tout ce petit monde se retrouvait sur la scène du CAC pour une jam bien appréciée et qu'après une collation fort bienvenue, ce sont bon nombre d'artistes et de membres du jury qui se lançaient dans un gigantesque bœuf qui allait durer jusque tard dans la soirée … Parmi les artistes présents, on reconnaissait Lil' Mama Heather Hardy qui arrivait tout juste de New York, les Riverside Blues, Guy Bélanger, Elmore D et tant d'autres encore … La journée fut excellente et laisse augurer, si on tient compte du niveau des concurrents, d'un avenir lumineux pour le blues français ! A bon entendeur …

 Martin Duhamel Blues Band / Candye Kane - La Nacelle - Aubergenville - 15 novembre


Martin Duhamel Blues Band

La Nacelle accueille ce soir la plantureuse Candye Kane et le talentueux Martin Duhamel Blues Band, gagnant de la Relève Festiblues de Montréal 2003, qui aura le plaisir de présenter à une salle comble ses compositions personnelles qui ne manquent pas de talent au cours d'une prestation qui, si elle pêche un peu par manque d'expérience, démontrera tout le potentiel intrinsèque du groupe. Avec un registre qui tire essentiellement vers le Chicago Blues, le combo conduit par Martin Duhamel à la guitare et au chant, secondé de Patrick Dorval à la guitare ou du jeune Gabriel Asseliein à la basse, proposera un trop court instant de musique inventive qui se terminera par un superbe instrumental joué en solitaire et à la guitare électroacoustique par Martin Duhamel lui-même. Le rappel, très logiquement réclamé, sera l'occasion d'entendre " Before you accuse me " dans une version qui rappelle quelque peu celle de Clapton.
Place à Candye Kane, où du moins à son groupe, qui débute le concert par deux morceaux sans la diva, chantés par le génial guitariste Kyle Jesler, avant que celle-ci n'entre enfin en scène pour venir prendre part aux énormes boogies qui nous sont proposés. Après un dernier ajustement du son qui est particulièrement correct dans une salle à l'acoustique traditionnellement médiocre, Candye se lance dans un show dévastateur où elle se plait à jouer sans aucun complexe de son physique et de ses attributs mammaires particulièrement proéminents. Dotée d'une voix exceptionnelle, elle nous propose des blues teintés de jazz et de country mais également des titres aux intonations qui ne manquent pas d'évoquer le scat. Très théâtral, le spectacle ne nous épargne pas les facéties de l'imposante chanteuse qui sort tour à tour de son corset un stylo, une banane et une poire avant de finir par y trouver son dernier album qu'elle ne manquera pas de bien vouloir dédicacer à la fin du concert.
Candye Kane
 Particulièrement communicative, Candye use de la provocation avec un don certain mais ne manque pas de sérieux quand elle évoque son passé de barmaid, d'opératrice ou même de strip-teaseuse ou quand elle parle de la jeunesse et de l'éducation de son fils, assis derrière la batterie … On se quittera une première fois sur un énorme " All you can eat, you can eat it all night long " repris par le public qui lance de vibrants " Manger toute la nuit " avant que Jean Guillermo ne vienne offrir un bouquet de fleurs à la chanteuse qui fêtait son anniversaire deux jours plus tôt et que cette dernière ne se lance dans un duo digne d'un saloon avec Smedley B, son pianiste, puis dans un dernier boogie avec le groupe au grand complet. La standing ovation spontanée conduira Candye Kane à venir nous interpréter un ultime morceau de Led Zeppelin, le magnifique " Whole Lotta Love " qui sert de titre à son dernier album et qui sera le plus bel épitaphe qui puisse être donné à un concert qui restera gravé dans toutes les mémoires … Un superbe moment !
 

Dans la loge avant le spectacle du Riverside

Riversise Blues

Martin Duhamel


Jean-Fernand Girard chef d'orchestre - Guy Bélanger à l'harmonica et le quatuor à corde

Merci à tous de cette belle collaboration Franco/Québécoise. À l'an prochain.
Réjean Nadon
Magazine Le Net Blues Inc.
www.lenetblues.com
 
 

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