Webzine Le Net Blues
-- Par: Pierre ''Goly'' Jobin
Collaboration photo: GlennGillis.Com
THE BLUES EXPERIMENT
Lancement du CD Bad Times
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MP3 Promo - The Waters Flow
Il y avait une bonne crowd, au Public Resto Bar, le 26 octobre dernier, composée des habitués de l’endroit, et aussi, des amateurs de blues du jeudi soir. En effet, ce lancement de CD de The Blues Experiment intervenait en prélude aux jams hebdomadaires de Mike Deway. Plusieurs étaient venus saluer leurs amis du band composé de Glenn Gillis à la voix et à la guitare, de Normand Lacroix, à la guitare solo, de René Gignac, à la basse et de Barry Nameth, à la batterie. Sachant que cet album tirait plus spécialement son origine des musiques de Normand Lacroix, à partir desquelles Glenn Gillis avait accolé, imprégné le feeling des mots, j’avais choisi de rencontrer, plus particulièrement les deux créateurs principaux de cette expérimentation. Avant que le spectacle ne débute, je me suis entretenu tout d’abord avec Glenn Gillis, ce musicien et raconteur d’histoires qui prennent souvent la forme de blues. 

Ensuite, j’ai échangé plus avant avec Normand Lacroix, un musicien et guitariste, inspiré d’influences multiples, folk, rock, blues etc., et de ces histoires toutes personnelles, qu’il traduit dans ses trames musicales. Je vous propose un voyage au centre des expériences de ces créateurs dédiés à raconter leurs histoires et à dépeindre leurs couleurs! 

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Bonjour Glenn Gillis! Comment vous est venue l’idée du projet de cet album Bad Times?
Normand (Lacroix, guitariste) et moi, nous pratiquons toujours ensemble. Lui, il fait des musiques et moi je fais les paroles. À un moment donné, il a fait une couple de compositions, et moi aussi sur mon bord. Il m’a demandé «serais-tu capable de faire des paroles  là-dessus?»… La musique, c’est beau, mais il faut que tu trouves l’inspiration qui ait rapport avec le feeling de la musique du compositeur. J’ai emporté ça chez nous et j’ai travaillé là-dessus. En fin de compte, j’ai mis des paroles sur ses musiques. Pour l’album on a décidé ça assez vite, car ça faisait une secousse qu’on jouait ensemble et on avait déjà réalisé un premier album, The Letter D. Avec les nouveaux musiciens du band, on a décidé de faire un album, et puis ça pressait, pour marquer le changement et pour que ça soit plus actuel. Le titre de l’album Bad Times, c’est le titre d’une chanson. C’est l’histoire d’un gars qui a cassé avec sa blonde et qui essaie de reprendre. Il est assis sur un banc de parc et tout se passe dans sa tête. Il pense que sa blonde va revenir et en fin de compte, c’est fini, elle ne revient pas. (rires…)
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www.glengillis.com
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Pour ta part, était-ce la première fois que tu faisais des paroles sur des musiques des autres? Habituellement, je compose la musique et les paroles…

Est-ce que tu fais la musique ou les paroles en premier?
La musique, en premier, toujours en premier. Là, c’était facile, parce que Normand, il compose de la musique. Moi, j’ai installé les paroles dessus. J’ai pas eu trop de misère à mettre les paroles dessus parce que je pars avec le feeling que je sens, et puis, je m’en vais avec ça.

Les musiques de Normand, c’est quel style de musique?
Ben, c’est pas pareil comme le mien. Lui, c’est un peu texan et il y a un petit goût de Hendrix à travers. Et puis moi, j’aime bien le style des années 70, Paul Butterfield Blues Band, Mike Bloomfield... Lui, il vient ajouter à tout ça de la musique de ces mêmes années, avec un peu de style Hendrix au travers. Ça fait que ça complète un tout.

Est-ce que le son de cet album de The Blues Experiment est différent de ce que tu fais d’habitude?
Pas mal différent… Tu vas ressentir le feeling des années 69-70… On a mis du blues, du bon blues à travers ça, mais on a décidé d’ajouter de l’atmosphère des années 70, comme dans Rain Fall et Tell Me. 

Tell Me, c’est dédié à un des amis à Normand qui est décédé, et puis, j’ai mis des paroles là-dessus. C’est un peu ce qu’une personne peut penser dans ces situations-là (suicide). Je sais pas ce qu’une personne peut penser, il y a différentes idées, mais j’ai fait à peu près ce qu’une personne peut sentir… J’ai mis mon meilleur, par rapport à la chanson. Et puis, Rain Fall, c’est l’atmosphère… C’est pas tout à fait du blues, c’est plus proche de Tom Petty ou de Crosby, Stillls, Nash, ou encore de Simon and Garefunkel. Et puis, l’histoire de cette chanson-là qui est l’une de mes préférées de l’album, c’est celle d’un gars qui s’en va dans une maison de campagne abandonnée... Il mouille cette journée-là, et puis, justement pour le début de la chanson, Normand a enregistré la pluie. Ça raconte les mémoires de jeunesse d’un individu qui est déjà resté dans cette maison-là. Il entre dans cette maison, entend la pluie tomber sur le toit et il revoit son enfance. Il voit sa mère, ses sœurs et ses frères courir dans la maison. Ce sont de bons souvenirs!

Ce sont les «good times» de l’album! Y a-t-il plus de bons souvenirs ou de pièces plus tristes dans l’album?

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La seule pièce triste, c’est Tell Me. Pour ce qui est des autres, il y a un côté comique. Bad Times, c’est comique un peu. I’M Just A Fool, c’est une composition, la seule entièrement de moi, paroles et musique. J’ai voulu faire ça vraiment blues contemporain/soul… Et puis, c’est une histoire classique de blues, dans laquelle un homme a trompé sa femme et il le regrette. C’est des regrets, des regrets… C’est ça! (rires)
-- Pourrais-tu me parler des autres musiciens qui jouent sur l’album?
Oui, Barry Nameth, le drummer, c’est un excellent drummer! Il a du groove pas mal! Il complète pas mal les chansons. Et puis, René Gignac, aussi, c’est un très bon bassiste! On s’amuse bien, on est une bonne gang, et puis, on a du fun ensemble!

Je pense que vous avez une couple d’invités sur l’album, aussi…
Oui, sur The Waters Flow. C’est une composition de Normand pour la musique où j’ai trouvé le feeling un peu raide. J’avais de la misère et j’ai décidé de l’intituler The Waters Flow. C’est dédié aux victimes de Katrina. Je me suis dit «faut que ça soit vraiment, vraiment fort», le feeling, vrai… J’ai invité Jay Sewall pour faire de l’harmonica, pour blower le groove, pour que ça ait un vrai feeling «d’être mal pris»… Pour Wild Thing, c’est une chanson qui groove pas mal, c’est un peu rock, et puis, j’ai invité mon ami Pat The White à faire le deuxième solo sur cette pièce. Et puis, il fait tout un solo! (rires)… Comme d’habitude! Sur Tell Me, il y a de la slide guitar fantastique de Chuk Spring, guitariste avec Mike Deway. Il a fait une job fantastique. Vraiment, ça donne le groove de la chanson!

Se peut-il qu’avec la musique de Normand Lacroix, il y ait des influences Southern Rock?
C’est en plein ça! Ça se complète… Le CD n’est pas basé sur un seul style… Nous n’avons pas voulu cette fois-ci, rester seulement dans le blues contemporain, rock, blues rock, mais aussi aller chercher un autre style, un peu… On s’amuse là-dedans, nous autres, et puis, c’est cela qu’on voulait faire.

Merci beaucoup Glenn Gillis pour l’entrevue
Ça me fait plaisir!
 


Entrevue avec Normand Lacroix, guitariste et compositeur


-- Que représente pour toi, cet album Bad Times?
Pour moi, il représente beaucoup, parce que c’est beaucoup de mes couleurs, parce que j’ai fait la musique sur sept chansons et j’ai apporté le côté musical qui me représente vraiment, dans cet album.

Quels sont les styles qui t’ont inspirés pour ces musiques?
C’est un peu tout ce que j’écoute, y’a le blues, y’a le blues texan, y’a du Sud, y’a du Southern Rock, y’a du folk, aussi. C’est tout ça ensemble qui fait la recette. Ça fait qu’il y’a des tounes qui sont plus bluesées, d’autres soft rock… folk, et puis, un p’tit côté vers la fin, un peu planant. Il y a un côté texan, un côté New Orleans, beaucoup de musique du Sud.

Qu’est-ce que tu dirais des paroles que Glenn Gillis a mises sur tes musiques?
Honnêtement, j’pourrais pas te dire. J’ai lancé des idées pour les paroles. Je ne suis pas assez bilingue pour comprendre tout le sens des paroles que Glenn y a mis. Par contre, je sais les sujets parce que je les ai donnés à Glenn. Y’a une toune qui s’appelle Tell Me et qui est dédiée à la mémoire d’un bassiste qui a joué avec moi, Pierre Lemieux, que tu connais bien. Au départ, les paroles que j’avais écrites étaient directement inspirées de lui, Glenn les a arrangées pour les généraliser pour un peu tout le monde. Mais quand même, ça part de là, de la perte d’un de mes chums. C’est une mort non naturelle, euhhh!... The Waters Flow, c’est vraiment Glenn, avec le Mississippi, avec la Nouvelle-Orléans, le déluge qu’ils ont eu, et tout ça! Y’a une toune qui s’appelle Rain Fall. Pour moi, c’est une toune instrumentale que j’ai faite. Glenn, sans le savoir, a mis des paroles là-dessus et il m’est arrivé avec une harmonie vocale que j’ai trouvée complètement géniale. Ça fait que j’ai pas eu le choix de l’inclure telle quelle, j’trouvais ça trop bon!

Depuis quand avais-tu commencé à écrire ces musiques-là?

J’enregistrais des petits bouts d’à peu près tous les riffs de guitare que j’faisais en pratiquant. À un moment donné, je les ai présentés aux gars du band. On les a montés, on les a joués live, puis après ça, on les a enregistrés comme pour les «canner». Puis, j’te dirais qu’ça fait environ un an et demi que j’ai commencé ce matériel. On a enregistré en mars, mais ça faisait un an que j’blowais ça chez nous…
 
Et puis, comment s’est fait l’enregistrement de cet album?
Ça s’est fait, un doigt sur la guitare et un doigt sur la console, parce que je me suis occupé pratiquement de tous les aspects de la réalisation de cet album, l’enregistrement, le mixage, le mastering, la pochette. C’est sûr que j’peux pas être bon dans tout, par contre, au moins, on a un produit qui, je l’espère, va plaire à beaucoup de gens.

Qu’est-ce que tu souhaiterais que les gens retiennent de cet album-là?
Je pense que dans le blues, on ne réinvente rien, et puis dans la musique, aujourd’hui, je pense que ça commence à être très difficile de réinventer. Par contre, c’est le fait d’avoir un son, d’avoir des couleurs différentes qui,  je l’espère, va nous démarquer un peu des autres. C’est sûr que c’est pas pur blues, c’est comme je le disais, y’a un côté Southern Rock très fort, là-dedans, aussi, Et puis, c’est p’t’être ce p’tit côté-là que j’aime, qui j’espère, va aller chercher un peu de gens.

En spectacle, est-ce que vous jouez plusieurs pièces de cet album?
Oui, présentement, on en fait 7 ou 8. Y’en a peut-être trois qu’on n’a pas encore faites, parce qu’il y en a une qui est complètement acoustique avec la Dobro et la steel guitar. C’est sûr que c’est un autre monde. Faudrait la pratiquer et la monter, parce que ça se passe juste à deux guitares, on l’a jamais pratiquée en band.

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Il y a deux ou trois reprises sur l’album, y’a The Thrill Is Gone, y’a No More Doggin’, est-ce qu’il y en a d’autres?
Y’a Night Stomp, aussi, qui est tirée d’un long-jeu d’Albert King que quelqu’un m’avait passé. Donc, ça part de là, cette version-là.
 

-- Normand, pourquoi le choix de ces trois pièces-là?
Ouais, bonne question… Thrill Is Gone, on la fait d’une manière vraiment différente, c’est p’t-être pas la meilleure idée de la mettre sur un album, parce que c’est une toune qui a été très très reprise, mais on la fait dans une version à nous, originale. No More Doggin’, bien, c’est une toune que je trouve qui a d’la vie, qui est vivante. Ensuite, Night Stomp, c’est une toune instrumentale, pour faire un peu contraste avec les autres. C’est de faire un amalgame de tout ça ensemble et de le condenser dans un long-jeu… Essayer de plaire, un peu, à la demande des gens dont les goûts sont tous différents. Donc, je pense que ça peut rejoindre différentes personnes.

Vous avez eu l’idée d’inviter quelques musiciens sur votre album?
Oui, en autres sur Waters Flow. À l’harmonica, c’est Jay Sewall! Ça nous a fait un grand plaisir qu’il participe sur l’album. Pat The White, sur Wild Thing, est venu ajouter une deuxième guitare. Je l’ai trouvé généreux de nous donner ce temps-là! Et puis, Chuck qui a fait la slide sur la steel guitar sur Tell Me. Je trouve que tout le monde a fait une très belle job de façon très consciencieuse! J’en suis très content! Et puis, d’ailleurs, ce soir, au lancement, il y en a deux d’entre eux qui vont jouer avec nous autres!

Le band Blues Experiment se compose aussi de Barry Nameth et de René Gignac. Peux-tu m’en dire quelques mots?
Oui, on a fait une transition, parce qu’avant ça, c’est sûr, c’était Glenn Gillis avec les musiciens. On trouvait qu’on était plus une formule de band que d’un seul individu. C’est sûr que Glenn a ses forces, dont son vocal, mais chacun a ses forces, puis on s’est dit que ça ressemblait plus à un band. Donc, avec cet album que l’on a monté, on a décidé de faire la transition vers Blues Experiment avec Glenn Gillis ou de Blues Experiment, tout court.

L’album est au nom de Blues Experiment. Est-ce que ça a un p’tit côté Hendrix?
Non, pas vraiment, ça vient de Barry, le drummer, et je ne pense pas qu’il écoutait vraiment du Hendrix. Barry a eu l’idée de ce nom-là. Dans le mot The Blues, Experiment, ça veut vraiment dire expérimenter, Hendrix, c’était Experience! Experiment pour nous, c’est d’expérimenter différents styles à travers le blues. C’est peut-être plus ça!  Parce qu’on a tous des couleurs différentes dans le band. Y’en a pas un qui aime vraiment écouter la même musique tout à fait! Ça fait que c’est difficile de faire un style particulier. Ça fait que ça résulte en un heureux mélange, ça fait qu’on a appelé ça The Blues Experiment

Merci beaucoup Normand
Ça fait plaisir!

Pierre ''Goly '' Jobin
 
 

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