Webzine Le Net Blues
-- Par: Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
Photos: Chloé Thomas - Patrice Tercier
Spectacle bénéfice au Bistro du Vieux-Longueuil
''Les passants ont les Blues''

Carl Tremblay, Jimmy James, Rick L.Blues, Kenny Dupree et Harmonika Zeke.
Tous venus jouer du blues afin d'amasser des fonds qui seront versés pour Le Repas du Passant.
 
 

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Jimmy James - Carl Tremblay
Dimanche, le 3 décembre dernier, le Bistro du Vieux-Longueuil accueuillait, en même temps que la ville recevait sa première neige, quelques artistes de la scène blues québécoise. Cela, dans le cadre d’un spectacle bénéfice dont les fonds amassés seront versés pour Le Repas du Passant: un organisme à but non lucratif qui aide les gens défavorisés tels que les sans-abri ou des personnes souffrant de maladie mentale. Cet organisme qui existe depuis 1997 et dont le directeur est Jean Casaubon, est formé d'intervenants et de bénévoles qui, selon les dernières statistiques de 2005-2006, auraient servi pas moins de 20 000 repas à un prix modique ainsi que 5 300 repas gratuits à des gens dont la situation était alarmante. Cela sans compter les 200 paniers de Noël qui furent distribués afin d'illuminer le coeur de ces familles pour qui cette période de l'année rend la pauvreté sans doute plus évidente et pénible.

Situé dans un sous-sol d'église bien aménagé de Longueuil sur le boulevard Ste-Foy, l’organisme survit grâce aux dons de la population et dépend aussi du niveau d’implication de la communauté. Des évènements comme Les Passants ont les blues permettent à des gens de notre société de bénéficier de plats chauds au dîner et cela douze mois par année et cinq jours par semaine.

- ‘‘Itinérant, sans-abri, sans domicile fixe, sans papier.... Toutes les grandes villes occidentales connaissent cette réalité. Au Québec, 30 000 personnes arpentent les trottoirs, à Montréal surtout et de plus en plus à Québec. Et le visage de cette itinérance a changé durant les quinze dernières années. On retrouve plus de jeunes et surtout plus de femmes qu’avant.’’

 Pour la cause, quoi de mieux qu’un bon spectacle blues avec des musiciens tels que Carl Tremblay, Rick L. Blues, Kenny Duprée et Harmonika Zeke. Sous forme acoustique et en duo, ceux-ci nous ont offert une soirée intime et bien arrosée. Plusieurs étaient présents pour se laisser vibrer au son de la musique des quatre harmonicistes.. C’est nul autre que Carl Tremblay qui débuta la soirée aux côtés du guitariste Jimmy James. Interprétant des chansons telles que les très populaires Suzie Q, Suspicious Mind, Dock of the Bay ou encore une jolie version de Blackbird dont, pour la première fois, j’entendais chanter par ce dernier. Je tiens à souligner la générosité de notre bluesman québécois qui bien souvent s’est donné l’obligation de participer à des évènements d’ordre bénéfice. Grâce à de tels musiciens, des gens se font aider ne serait-ce qu’en leur permettant d'avoir quelque chose de bon à se mettre sous la dent.

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Rick L. Blues
Kenny Dupree-
L’enchaînement musical se fit avec Rick L. Blues et son fidèle guitariste Henry Breton. Inutile de vous dire à quel point l’artiste est un véritable ‘’showman’’ et que le blues en lui sait se faire entendre et s'imposer agréablement. Il interpréta quelques-unes des chansons de son tout nouvel album Blue September, dont Grange Blues que vous vous devez d’entendre pour ceux et celles qui n’en ont pas encore eu la chance. Quelle chanson! Monsieur L. Blues s’est toutefois permis de s’aventurer dans un répertoire qui n’est pas le sien avec Sweet Home Chicago, un éternel classique de Robert Johnson ou bien encore Killing Floor de Howlin’Wolf. Évidemment qu’Henry Breton nous a encore une fois épatés et bercés au son exquis de sa guitare. On en aurait écouté volontiers davantage de la part de ce duo!

Dès la performance de Kenny Dupree, accompagné à la guitare par Deacon George, le public a pu danser au rythme de Honky Tonk Woman ou I Saw Her Standing There. 

Deacon George - Kenny Dupree
En chantant Knockin' on Heaven’s Door, Duprée nous a bel et bien prouvé la potentialité de son registre vocal. Celui-ci a vraiment une voix superbe et parvient judicieusement à la mettre en valeur. J’ai d’ailleurs eu la chance de m’entretenir avec lui quelques minutes avant le spectacle. Ce sera au grand bonheur de plusieurs, je crois, puisqu’il prévoie la sortie de son premier album pour l’année 2007. Enfin, je me suis dit! Car depuis plusieurs années, j’assiste à bon nombre de ses spectacles offrant chaque fois un répertoire varié et une ambiance heureuse. Sur scène, la passion et le blues qui brûlent en lui pour l'animer sont inattaquables, on ne peut pas faire autrement que de l'appréçier. Faire un album dans son cas sera tout en son honneur, j’en suis convaincue. La patience nous aura certes porté fruit car son disque devrait comprendre cinq de ses compositions et sur lequel il collaborera, dit-il, avec la crème des musiciens. L’artiste se dit motivé et le processus de création semble être bien enclenché. Notons qu’il partira deux mois au Maroc afin d'y accompagner un guitariste  et que son envol est prévu en mai. Je vous tiendrai sans faute au courant de ce projet d’album que j’ai à l’oeil, consciente du talent incontestable de ce sympathique bluesman. Bref, le duo fit bonne impression, sans compter la performance de Deacon George interprétant Folsom Prison, un succès de Johnny Cash.
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Harmonica Zeke
Le dernier des artistes, mais non le moindre, à attaquer la petite scène du Bistro du Vieux-Longueuil fut Harmonika Zeke, accompagné de Tom Hunt à la guitare. J’ai rarement vu Zeke s’exécuter sur scène, sauf une fois à La Bande aux Coins à St-Lambert où il donne un spectacle aux côtés d'Adam Karch avec différents artistes tous les mercredis soirs. Quelle énergie!! J’ai bien aimé ce qu'il avait à offrir ce soir-là. Drôlement fascinée par la ressemblance physique de plus en plus flagrante entre Tom Petty et lui, j’ai savouré chaque chanson offerte par ce chanteur/guitariste et harmoniciste. Nous avons pu entendre un Who Do You Love qui fait momentanément danser ainsi qu’une interprétation par Tom Hunt de Moondance, chanson de Van Morrisson que j’adore en passant. Quelques musiciens et habitués de la place sont même venus ''jammer'' avec l'artiste pour que finalement bongos, saxophone, harmonica, basse, guitares ainsi que la voix d’Harmonika Zeke se fusionnent pour une orgie musicale venant conclure le spectacle en beauté.

Résultat? Des spectateurs heureux d’avoir fait acte de présence et payé vingt-cinq dollars pour leurs billets. À mon avis, ce fut une agréable soirée à laquelle les Longueuillois ont assisté, dans ce petit bistro d’un deuxième étage de la rue St-Charles où justement les spectacles sont intimes et chaleureux et où l'on se sent privilégié d’avoir ces bluesmen à nous seul en exclusivité, le temps de quelques heures. 

Le directeur de l’organisme, M. Casaubon, a bien célébré la soirée en s’offrant comme cobaye avec l’objectif d’amasser des fonds pour les gens dans le besoin. Assis sur une chaise de la scène, les personnes n’avaient qu’à donner une contribution monétaire de leur choix afin de pouvoir couper une mèche de cheveux de Monsieur Casaubon et cela sans restrictions esthétiques! Bref, une idée originale, comique et bien utile que de se prêter à ce jeu!

 Suite à un entretien téléphonique avec Marie-Constance Harvey, l'agente de développement pour Le Repas du Passant, j'ai pu savoir que les organisateurs s'avéraient satisfaits de l'évènement et que d'autres comme celui-ci allaient certainement suivre. C'est une occasion en même temps de découvrir du bon blues par des artistes de chez nous qui, encore une fois, font preuve d'humanisme et de générosité.

 Pas plus tard qu'hier, en lisant le journal Le Métro, un court paragraphe concernant la pauvreté a capté mon attention. L'article disait que le gouvernement du Québec et la ville de Montréal investiront ensemble 15,4 millions dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale dans la métropole pour 2007 / 2008. Une nouvelle réjouissante si elle s'exécute!

 En terminant, je tiens à féliciter l'organisme longueuillois Le Repas du Passant envers qui j'accorde toute mon admiration. Sans oublier l'organisateur du spectacle, Sylvain Lecourt, ainsi que les artistes invités, le Bistro du Vieux-Longueuil et son propriétaire Jean Laurin. Tous ont été aimables et accueuillants.

 J’ai trouvé que l'atmosphère baignait dans la camaraderie et la fraternité. Après tout, la présence de chacun et chacune était justifiée par une sensibilité à la cause et un amour du blues. Ce furent les ingrédients gagnants d’une recette qui doit se cuisiner autant que possible! On dirait que nos valeurs nous rappellent à l’ordre et on se souvient combien il est bénéfique en soi de donner et d'aider des gens moins chanceux. que nous.

Patricia Clavel
 


 

 

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