Webzine Le Net Blues
-- Par: Réjean Nadon
courrier@lenetblues.com
Nina Van Horn
Album Hell Of A Woman - Entrevue
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Co-production Ouistiti Music / Nina Van Horn
www.myspace.com/ninavanhorncom
www.ninavanhorn.com
On se souvient encore de son passage au FestiBlues International de Montréal en 2007. Une bête de scène qui en moins de deux chansons, avec son complice et guitariste Fred Chapellier, avait mis le feu aux poudres de ce méga rendez-vous blues du Québec. Qui est cette femme me demandait-on? Et moi de répondre : Ben voyons donc, c’est Nina Van Horn ! J’avoue avec le recul, avoir souffert d’un peu de vantardise à cette soirée, car le chroniqueur et ami français, Fred Delforge m’avait parlé d’elle quelques jours auparavant. Je suis allé la voir après le spectacle et depuis nous échangeons avec cette star du blues en France. Je vous propose donc pour débuter, une entrevue réalisée via le web afin de mieux la connaître et une chronique sur son tout nouvel album HELL OF A WOMAN, un hommage aux femmes du Blues.

ENTREVUE
Pourriez-vous nous raconter votre cheminement artistique ? 
Je suis une danseuse à l’origine. C’était ma toute première passion depuis l’âge de 3 ans. J’ai tourné dans pas mal de compagnies de ballet, rencontré mon mari parmi les danseurs. J’ai même travaillé ma voix et chanté de l’Opéra et Opéra Comique car j’étais soprano colorature à 18 ans ! Une bonne technique du souffle qui me sert encore aujourd’hui, même si je n’ai plus du tout la même voix !  J’ai toujours partagé ma vie entre les USA et la France et des rencontres m’ont mis sur la route de la Country Music puis du Blues où je me trouve actuellement. En fait, je me rends compte que j’ai toujours fonctionné au feeling et que je suis passée d’une discipline à l’autre quand je commençais à m’y ennuyer…Il faut que je sois fidèle à la musique que je sers, je ne peux pas faire semblant !

Comment vous décririez-vous?
…dur question ! c’est aux autres de le faire ! Je suis fonçeuse (Taureau ascendant lion !), j’ai toujours hâte de monter sur scène, j’aime qu’on m’aime et je le rends bien ! J’aime la vie et je n’imagine pas arrêter ce métier (je suis sur scène depuis que j’ai 14 ans !) Je joue pareil, que je sois devant 30 ou 30 000 personnes…On peut m’aimer ou me détester mais on ne peut pas me retirer ma sincérité…
 
Vous avez côtoyé de grand nom du blues, pouvez-vous nous faire partager quelques-uns de ces moments?
Ils sont nombreux…j’ai fait mes armes avec Chuck Berry (d’où mon amour pour le Rock), j’ai beaucoup appris en le regardant, sur le business aussi (il est redoutable en affaire !), j’ai ouvert pour Bette Midler et vu ce que je voulais réunir sur scène : la générosité, l’humour et la danse. C’était à l’époque de « the rose », je terminais mon show par le titre phare du film, je sortais de scène et c’est elle qui rentrait, vêtue comme moi puis je revenais à la fin et le public s’apercevait que c’était la vrai Bette qui était là ! C’était culotté comme entrée de show !!! Plus récemment, j’ai partagé l’affiche avec Sharrie Williams en France et on s’est éclaté comme des folles à la fin !

Merci beaucoup de nous permettre de diffuser votre grande série d’émission Nina On The Rock sur Le Net Blues Radio. Dans votre série, vous démontrez beaucoup de sympathie et d’admiration envers les femmes des époques 40, 50 et 60, pourquoi ces années-là en particulier ?

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Parce qu’on en parle peu et qu’elles ont une image un peu fanée pour beaucoup mais quand on se penche sur ce qu’elles ont écrit, on voit qu’elles ont réellement décrit leur époque. Au fur et à mesure de mes émissions, je les ai découvertes et je les ai aimées pour leur ténacité à survivre dans un monde fou et dur avec elles. J’ai trouvé des textes incroyables sur l’homosexualité, l’alcoolisme, la ségrégation, les droits des femmes…elles parlaient de tout çà pendant que les hommes chantaient « Mon bébé m’a quitté ce matin… » Je me suis dit, qu’il fallait que je reprenne toutes ces chansons que beaucoup ont oublié et que je raconte aussi leurs vies et comment elles avaient ouvert la voix. C’est comme ça qu’est née l’idée du cd et du livre «Hell of a Woman »
-- Que pensez-vous des femmes et du blues d’aujourd’hui ?
Aujourd’hui, on peut pratiquement tout dire dans une chanson et je trouve que l’on ne trouve pas assez de textes aussi intéressants dans le blues d’aujourd’hui, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes… tout est plus facile qu’en 1920 et l’on n’en profite pas mais pour certains chanteurs c’est une optique, certains privilégient la mélodie au texte.
Moi, j’ai toujours pensé que la musique pouvait aussi servir à s’exprimer, à décrire ses révoltes…
Les femmes ont une certaine position dans le Blues qui reste quand même un milieu très macho quoique l’on dise…j’entends encore des organisateurs me dirent qu’ils ont déjà une femme dans le programme cette année!!! Il en faut un peu mais pas trop ?  On doit se battre quand on est une nana dans le blues !  Elles apportent pourtant une autre atmosphère que les hommes. Quand à l’avenir du Blues, il sera celui que les médias veulent bien lui faire…partout un peu marginalisé mais terriblement présent dans le cœur du public qui vient l’écouter et de plus en plus jeune…Il n’y a pas longtemps, j’étais en Pologne et quand j’ai annoncé See See Rider, des jeunes de 15 ou 16 ans qui se trouvaient massés devant la scène ont applaudi comme si c’était le dernier tube à la mode!  Ils connaissaient Ma Rainey ! Ça, ça fait du bien et ça prouve bien que cette musique dépasse les générations et les réunit, tout ça sans l’aide des principaux médias…qu’est ce que ça serait avec !

Quels sont vos coups de cœur des artistes de blues d’aujourd’hui ?
J’aime Sharrie, Mighty Mo Rodgers et cette fille superbe que j’ai rencontrée chez vous au Festiblues : Dawn Tyler Watson

Dans la vie, qu’est-ce qui enchante Nina Van Horn et qu’est-ce qui lui déplaît ?
Voir le public souriant après le show, parfois ému ou détendu…là c’est « mission accomplie »
D’une façon générale je suis une enfant du Flower Power et je ne m’en défend pas : j’aime que les gens soient cools, j’aime les voyages et rencontrer toutes sortes de milieux, pas seulement celui du showbizz. Ce qui m’insupporte, c’est l’intolérance, le jugement tout fait sur l’apparence, le manque de compassion et les idées toutes faites !
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Qu’aimeriez-vous que les gens disent après l’un de vos spectacles ?
« on a tout laissé dehors pendant son show ! »

Vos projets ?
La sortie du livre sur les Femmes du Blues très bientôt, une tournée en Afrique au mois de mai au Méridien de Dakar, ça m’excite beaucoup d’aller là bas parler de mes bonnes femmes, une sorte de boucle bouclée… cette année je vais bouger pas mal en Europe ‘UK, Italie, Suisse, Hollande, Allemagne, Estonie, Finlande…Il ne me manque plus que revenir au Québec !  J’y travaille car le cd et le livre vont être distribués chez vous alors je viendrais bien vous raconter tout cela en live !

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Merci Nina et à bientôt
 

Réjean Nadon

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Vidéo archive - FestiBlues 2007

 
 
 
 

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