Webzine Le Net Blues
-- Stéphan Lunati
steflun@videotron.ca
Photos: Denis Alix
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-- White Lunar
NICK CAVE & WARREN ELLIS
Capitol Records
 
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Chers lecteurs, si vous êtes avides de découvrir une nouvelle facette de l’immense talent de NICK CAVE, son nouvel album double est pour vous. Si vous ne connaissez pas encore ce grand artiste, WHITE LUNAR sera la porte d’entrée idéale pour découvrir en douceur son univers musical. Accompagné, cette fois, seulement de son comparse violoniste WARREN ELLIS, membre des Bad Seeds depuis le début des années 90, il nous livre, ici, les meilleurs extraits de musiques de films et de documentaires auxquels il a participé entre 2005 et 2009.

Le premier disque débute avec une série de quatre pièces tirées du film THE ASSASSINATION OF JESSIE JAMES BY THE COWARD ROBERT FORD (2007) qui, d’emblée, définit l’ambiance tranquille d’une musique s’harmonisant aux images de ce western mettant en vedette Bad Pitt. Dès le premier morceau, SONG FOR JESSE, l’auditeur semble ouvrir une boîte à musique céleste et reposante, puis dans les trois autres, la musique prend de l’ampleur tout en restant dans cette atmosphère mélodique et nostalgique que lui procurent le piano et les cordes de nos deux acolytes en grande forme; une harmonie à ce point envoûtante qu’on a peine à croire se trouver dans un western.
 

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Puis, s’enchaînent sept thèmes de THE PROPOSITION (2005), autre western dont, cette fois, CAVE a aussi écrit le scénario. Dans HAPPY LAND et PROPOSITION No 1, on peut apprécier tout le talent de WARREN ELLIS au violon dans une musique inspirée et inquiétante. Le climat musical devient un peu plus déjanté avec ROAD TO BANTON et THE RIDER No 2 dans lesquels la basse, la voix de NICK et une guitare saturée finissent par jouer sur nos émotions. Cependant, tout se calme avec MARTHA’S DREAM dans un style plus folk/western grâce à l’archet virevoltant d’ELLIS et avec GUN THING dans laquelle Cave chante en talk-over avant de terminer sur la superbe THE RIDER SONG, digne de ses plus belles ballades.
-- Les six passages extraits de THE ROAD (2009), avec Viggo Mortensen, d’après le roman de Cormac McCarthy, reflètent à merveille l’environnement de désolation
post-apocalyptique du film mais THE BEACH et THE BOY sont à retenir tout particulièrement pour leur beauté émotionnelle apaisante et optimiste en conclusion de ce premier disque.

Le second disque regroupe la musique du documentaire THE GIRLS FROM PHNOM PENH, aux accents plutôt exotiques et atmosphériques dont on retiendra surtout ROM, CHEATA et le splendide thème de SORYA MARKET à la toute fin du disque, de même que celle de THE ENGLISH SURGEON qui réunit, lui, six pièces plutôt expérimentales, parfois proches d’un Brian Eno ou d’un Peter Gabriel dont BLACK SILK et DANDY BRAIN sont les plus agréables et intéressantes.

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Enfin, quatre autres instrumentaux inédits nous plongent dans un climat plus sombre et angoissant mais
DAEDALUS et MAGMA valent quand même notre attention pour leur aspect créatif, tous provenant des archives privées des deux artistes, complétant ainsi ce deuxième disque plus déstructuré mais néanmoins
passionnant.

En définitive, loin, cette fois, des Bad Seeds et de Grinderman, NICK CAVE et WARREN ELLIS nous démontrent l’étendue de leur talent à travers toutes ces musiques qui, même sans les images qui les accompagnent à l’origine, réussissent à nous toucher grâce à la plénitude et la beauté envahissante qui nous submerge en fin d’écoute. Une œuvre que l’on réécoutera souvent quand viendra le temps de s’évader en toute quiétude.
 

Stéphan Lunati
 

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