Webzine Le Net Blues
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Stéphan Lunati
steflun@videotron.ca
 
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Lulu
LOU REED & METALLICA
Warner Bros.
 
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Après des mois d’attente et de supputations de toutes sortes, voici donc enfin LULU, fruit d’une collaboration pour le moins surprenante entre LOU REED et METALLICA, qu’on peut d’ores et déjà qualifier d’O.V.N.I. (Œuvre Violente Non Identifiable) de l’année 2011. Il ne s’agit pas d’un autre MASTER OF PUPPETS (1986), pas plus que d’un BERLIN (1973) supplémentaire de Lou Reed (ce qui, on le comprendra, pourrait de prime abord dérouter bien des fans de l’un ou l’autre) mais bel et bien d’un subtil mélange hybride des deux.

À y regarder de plus près, nous sommes ici en présence d’une adaptation ‘’rock-métal’’ très noire de la pièce de théâtre LULU écrite en deux parties (l’Esprit de la Terre et la Boîte de Pandore) entre 1895 et 1904 par le dramaturge allemand Frank Wedekind, et qui raconte l’histoire d’une danseuse très libérée pour son temps qui va rapidement progresser dans la riche société allemande grâce à ses charmes, pour finalement se brûler les ailes en tombant dans les pires déchéances.

Lou Reed  (au centre) et Metallica

C’est donc ce lourd projet (auquel s’étaient déjà frottés Louise Brooks dans le film Pandora’s Box ainsi qu’Alban Berg ou encore Pierre Boulez), que Lou Reed portait en lui depuis quelques temps. Après avoir écrit et adapté les paroles très crues et violentes de cette sombre histoire, il rejoint ses nouveaux amis de Metallica à San Rafael pour finaliser la trame musicale de cette aventure sordide.

James Hetfield et Lou Reed
VIDÉO
Ce n’est donc qu’après avoir replacé l’album dans son contexte que l’on peut finalement se laisser envahir par la ‘’grâce’’sulfureuse de cette fascinante LULU, et c’est en suivant les paroles extrêmement dures et empreintes d’un sadomasochisme indescriptible que l’on découvrira la vision ‘’Reedienne’’de cette trame dramatique, chanson après chanson. Pour ce qui est de la musique, on peut dire qu’elle accompagne bien l’ambiance qui règne dans les textes et c’est tout à l’honneur de Metallica que d’avoir su sublimer les idées de Lou.

Que dire de la batterie de Lars Ulrich qui est parfaite et puissante tout au long de l’album, d’une précision hallucinante qui sied à merveille à des pièces telles THE VIEW, la très ‘’speedy’’ MISTRESS DREAD ou encore FRUSTRATION. Les riffs monstrueux et les solos bien sentis de James Hetfield ou de Kirk Hammett nous rappellent que c’est bien Metallica qui joue derrière le ‘’spoken word’’ de la voix d’outre-tombe de Lou Reed tel que dans BRANDENBURG GATE, CHEAT ON ME et PUMPING BLOOD. 

N’oublions pas, non plus, la basse vrombissante et étourdissante de Robert Trujillo qui, chaque fois que sollicitée, se déchaîne littéralement. ICED HONEY, rock très ‘’velvet’’, choisi pour être le prochain ‘’single’’ de ce délire apocalyptique d’un genre nouveau, devrait assurément réconcilier tous les indécis des 2 camps d’autant que James Hetfield y assure brillamment les ‘’back vocals’’. Enfin, l’album se termine avec l’excellente JUNIOR DAD et ses arrangements de cordes superbes, une sorte de requiem sublime de 20 minutes qui clôt ce voyage intersidéral dans une autre dimension.

LULU n’est définitivement pas un disque à mettre entre toutes les oreilles. Il faudra l’apprivoiser et le réécouter à fort volume pour en déceler tous les arcanes qui en feront pour sûr un disque culte de ces légendes du rock. 

Stéphan Lunati
Collaboration spéciale
 
 

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