Webzine Le Net Blues
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Lulu
LOU REED & METALLICA
Warner Bros.
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Après des mois d’attente et de supputations
de toutes sortes, voici donc enfin LULU, fruit d’une collaboration pour
le moins surprenante entre LOU REED et METALLICA, qu’on peut d’ores et
déjà qualifier d’O.V.N.I. (Œuvre Violente Non Identifiable)
de l’année 2011. Il ne s’agit pas d’un autre MASTER OF PUPPETS (1986),
pas plus que d’un BERLIN (1973) supplémentaire de Lou Reed (ce qui,
on le comprendra, pourrait de prime abord dérouter bien des fans
de l’un ou l’autre) mais bel et bien d’un subtil mélange hybride
des deux.
À y regarder de plus près, nous
sommes ici en présence d’une adaptation ‘’rock-métal’’ très
noire de la pièce de théâtre LULU écrite en
deux parties (l’Esprit de la Terre et la Boîte de Pandore) entre
1895 et 1904 par le dramaturge allemand Frank Wedekind, et qui raconte
l’histoire d’une danseuse très libérée pour son temps
qui va rapidement progresser dans la riche société allemande
grâce à ses charmes, pour finalement se brûler les ailes
en tombant dans les pires déchéances. |
Lou Reed (au centre)
et Metallica
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C’est donc ce lourd projet (auquel s’étaient
déjà frottés Louise Brooks dans le film Pandora’s
Box ainsi qu’Alban Berg ou encore Pierre Boulez), que Lou Reed portait
en lui depuis quelques temps. Après avoir écrit et adapté
les paroles très crues et violentes de cette sombre histoire, il
rejoint ses nouveaux amis de Metallica à San Rafael pour finaliser
la trame musicale de cette aventure sordide.
James Hetfield et Lou Reed
VIDÉO
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Ce n’est donc qu’après avoir replacé l’album dans son
contexte que l’on peut finalement se laisser envahir par la ‘’grâce’’sulfureuse
de cette fascinante LULU, et c’est en suivant les paroles extrêmement
dures et empreintes d’un sadomasochisme indescriptible que l’on découvrira
la vision ‘’Reedienne’’de cette trame dramatique, chanson après
chanson. Pour ce qui est de la musique, on peut dire qu’elle accompagne
bien l’ambiance qui règne dans les textes et c’est tout à
l’honneur de Metallica que d’avoir su sublimer les idées de Lou.
Que dire de la batterie de Lars Ulrich qui est parfaite et puissante
tout au long de l’album, d’une précision hallucinante qui sied à
merveille à des pièces telles THE VIEW, la très ‘’speedy’’
MISTRESS DREAD ou encore FRUSTRATION. Les riffs monstrueux et les solos
bien sentis de James Hetfield ou de Kirk Hammett nous rappellent que c’est
bien Metallica qui joue derrière le ‘’spoken word’’ de la voix d’outre-tombe
de Lou Reed tel que dans BRANDENBURG GATE, CHEAT ON ME et PUMPING BLOOD. |
N’oublions pas, non plus, la basse vrombissante et
étourdissante de Robert Trujillo qui, chaque fois que sollicitée,
se déchaîne littéralement. ICED HONEY, rock très
‘’velvet’’, choisi pour être le prochain ‘’single’’ de ce délire
apocalyptique d’un genre nouveau, devrait assurément réconcilier
tous les indécis des 2 camps d’autant que James Hetfield y assure
brillamment les ‘’back vocals’’. Enfin, l’album se termine avec l’excellente
JUNIOR DAD et ses arrangements de cordes superbes, une sorte de requiem
sublime de 20 minutes qui clôt ce voyage intersidéral dans
une autre dimension.
LULU n’est définitivement pas un disque
à mettre entre toutes les oreilles. Il faudra l’apprivoiser et le
réécouter à fort volume pour en déceler tous
les arcanes qui en feront pour sûr un disque culte de ces légendes
du rock.
Stéphan Lunati
Collaboration spéciale
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