Webzine Le Net Blues
-- Par: Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
ENTREVUE AVEC JACQUES NOËL
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Bonjour Jacques, tout d’abord félicitations pour la 12ième édition du Festiblues qui vient de se terminer! Est-ce que l’organisation du festival a été en mesure d’évaluer le nombre de festivaliers qui sont allés sur le site cette année?
Non, malheureusement, je n’ai toujours pas les chiffres. Probablement que ça va prendre encore une semaine ou deux avant qu’on fasse tout le décompte. La raison c’est que la plupart des gens qui travaillent au Festiblues sont très occupés et que ça prend plus de temps que quand il y a des équipes qui le font pour toi. Mais je peux te dire qu’évidemment ça été une excellente édition, la température a été très aidante à ce niveau-là et on l’apprécie beaucoup.

Nous aurons l’occasion de parler de la programmation un peu plus tard mais pour l’instant, j’aimerais que tu racontes aux internautes l’histoire du Festiblues et comment il a été créé?
À la base, c’était une idée originale du policier à la retraite Gilles Gauvreau qui, à ce moment-là, connaissait déjà Martin Laviolette et Martin Landry qui étaient travailleurs de rues à l’époque et il y avait Georges Fournier qui travaillait pour le CLSC.

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Jacques Noël
Donc ces gens-là se connaissaient tous au niveau social, ils participaient tous à l’organisation d’événements et Gilles est arrivé avec une idée: plutôt que de faire des soupers spaghetti, faire un événement blues afin de ramasser de l’argent pour aider les jeunes. Par un concours de circonstances, moi je me suis retrouvé à les rencontrer. Ils savaient que je travaillais un peu dans l’événementiel, puisque ça fait plusieurs années que je fais le jazz et les francos, entre autres, ainsi que bien d’autres événements à l’époque. On a fait un budget de base, on l’a fait un week-end, ça été un succès de trois jours au parc Rimbaud. Pendant trois ans on a fait cet événement-là au parc Rimbaud, ça grandissait, on était proche du 10 000 pour trois jours. Et à la quatrième édition, on a décidé de faire le changement et d’aller au parc Ahuntsic. Évidemment, là on est passé de 10 000 à 60 000 festivaliers, donc c’est un peu la courte histoire. L’idée était de un faire un événement de blues pour encourager évidemment les professionnels du milieu qui à l’époque n’avaient que les bars pour survivre si on peut dire, puis aussi le volet social qui est d’aider les jeunes et c’est toujours notre mandat.

Pourquoi avoir choisi de faire un événement blues plutôt qu’un événement pop ou rock?
C’est arrivé comme ça, un coup d’inspiration… Gilles a eu cette idée-là, on a trouvé le nom… d’année en année, on a sécurisé le nom, ensuite c’est devenu international parce qu’on fait venir des artistes de France ou des États-Unis. Ça grossit lentement, mais c’est une idée comme ça, que moi j’ai endossé. Je touche à beaucoup d’événements musicaux puis je trouvais l’idée bonne et les résultats ont été bons… donc on continu!
 

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Martin Landry - Martin Laviolette - George Fournier - Jacques Noël - Gilles Geauvreau
On peut avoir l’impression que le Festiblues grandit d’année en année et gagne en popularité, mais en même temps on constate qu’il y a de moins en moins de blues dans la programmation. Je fais référence notamment à cette année où le spectacle d’ouverture était livré par Ariane Moffatt et le spectacle de clôture par les Porn Flakes. Est-ce que c’est vraiment juste une illusion ou bien finalement on a accès au blues dans ce festival?
Je peux dire d’emblée que trois spectacles sur quatre présentés dans le parc Ahuntsic sont blues, trois spectacles sur quatre à la Maison de la Culture sont blues et tous les bars environnants, ce n’est que du blues. Il est évident que les gros spectacles, c’est un peu plus variétés…pop! 
La raison derrière tout ça, c’est que nous on veut que l’événement grandisse… on veut attirer des gens, on veut que ces gens-là qui ne connaissent pas le blues en entendent. Je pense que pour ce qui est du spectacle d’ouverture, c’était un peu un cadeau pour nos voisins et c’était dans le cadre d’un événement écologique, donc c’était un peu particulier… c’était pop et il y a eu Steven Guilbeault (Équiterre) qui est venu parler… et caetera, et caetera… Mais là c’était comme un spectacle très spécial!


Spectacle Country Blues - FestiBlues 2009

Mais est-ce qu’il n’y a pas moyen d’avoir des grandes têtes d’affiche de la scène du blues?
Bien c’est-à-dire que quand on parle de grandes têtes d’affiche, je pense qu’on les a toute eues et elles sont même venues plusieurs fois. Donc, à un moment donné quand tu es rendu à la 12 ième édition… tu fais des essais, tu veux consolider ton événement, des fois, il y a des choix qui déplaisent… Moi, comme je te dis, on présente beaucoup de blues et on fait beaucoup de gestes au niveau de la communauté blues très précisément. Comme de un, on a créé l’association 'Route du Blues' et on échange des artistes de blues entre les festivals. Cette année, c’était avec Donnacona, on le faisait avec Carleton à l’époque. On a échangé Big Dez, Charles Pasi et Antoine Holler cette année, qui sont tous des artistes français. Puis quand on parle aussi de développement au niveau de la scène blues, cette année on a reçu Fred Delforge et Mike Lécuyer, qui tous les deux commentent beaucoup la scène blues en France. Et l’année prochaine, puisqu’il y a des développements de subventions, on a réussi à faire une percée dans un domaine et on va pouvoir faire venir l’an prochain un journaliste de blues américain. Le Festiblues participe aussi, depuis la création de la première édition, au “Blues Summit” qui a lieu tous les deux ans à Toronto. Ce sont tous les festivals de blues qui sont invités à travers le Canada donc c’est super intéressant et actif. Lors du dernier, le Festiblues a été invité en tant que collaborateur et nous avons remis un prix. Donc ça fait parler de l’événement et de la scène blues. Parce que ce que les gens ne comprennent pas, c’est qu’il y a encore un mur entre le Québec et l’Ontario pour échanger des artistes et c’est toujours un mystère… Donc ce congrès-là, qui a lieu à tous les deux ans, nous permet de voir une vingtaine d’artistes de la région d’Ontario, mais il y a aussi des Québécois comme Bob Walsh ou même Guy Bélanger qui était là l’année dernière. Donc le Festiblues, encore une fois, est très actif au niveau du développement et renforcit ses liens avec ces différents festivals. Il faut comprendre que ce serait compliqué de faire un échange avec le festival de blues d’Edmonton, qui est l’un des plus vieux… à cause de la distance. Là on tombe dans une autre polémique qui est les subventions pour les billets d’avion et tout ça. Il n’y a pas vraiment un programme simple et précis afin d’aider les organismes à faire ça. On est en train de faire un “lobby” pour aider. Mais au congrès, il y a plusieurs événements… des petits, des moyens, des gros qui se retrouvent là et c’est très positif, puis encore une fois, le Festiblues est présent et entend être présent au prochain congrès.

Comme geste aussi pour la communauté blues, on permet à la société blues d’être sur le site et on les encourage puis eux s’occupent en retour de notre boutique de CD. On fait un concours de la relève de blues et les gagnants s’en vont jouer en France. Donc, il y a plusieurs mandats au Festiblues International de Montréal qui font que des fois les puristes du blues ne les voient pas. On encourage aussi le Gala du Lys Blues. Moi je le fais à titre de bénévole à chaque année comme régisseur avec Réjean et Louise (organisateurs du Gala Lys Blues et propriétaires du Net Blues), puis le Festiblues achète de la pub et va commanditer notre prix cette année afin de les aider à s’ajuster économiquement parce que ces gens-là travaillent très fort. Donc très précisément le Festiblues fait beaucoup de choses pour la communauté blues. En plus de faire jouer des artistes qui souvent ne se retrouvent pas sur la grosse scène. C’est difficile d’encourager tout le monde tout le temps quand tu as quatre soirs seulement à quatre spectacles... Ce n’est pas comme avoir dix jours sur huit scènes, il faut que les gens comprennent ça! Des fois ça prend un peu plus de temps avant d’avoir les artistes qu’on aimerait avoir, mais ils sont dans le 'target'! Puis si la consolidation continue, bien on va probablement avoir des surprises pour les puristes du blues mais là je ne peux pas t’en dévoiler plus.
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Carl Tremblay - FestiBlues 2009
Donc les gens peuvent être rassurés, le Festiblues ne deviendra pas le Festipop?
Non absolument pas, ça n’a jamais été notre mandat et on ne veut pas que ce soit notre mandat et comme je te dis c’est très très important que le blues soit assez présent et même très présent. Parce que les gens n'ont pas fait le calcul mais si tu regardes la programmation c’est exactement ce que j’te dis.

Tu parlais tout à l’heure de votre collaboration avec le Festival Blues sur Seine en France, comment cette collaboration est-t-elle née?
Ça s’est passé de façon très simple. C'est Mike Lécuyer (président Chaine du Blues FR.) qui a rencontré le FestiBlues a ce sujet la première fois, puis Jean Guillermo (président de Blues sur Scène) nous a invités en France et on a beaucoup aimé l’événement parce que c’est exactement ce que nous faisons ici, c’est-à-dire un événement à la fois culturel et social. Tout de suite l’amitié s’est faite, puisque ce sont des gens qui pensent comme nous. Donc avec l’échange du concours de la relève qu’on a amélioré avec les années, tous les ans, 

les gens de Blues sur Seine viennent à notre concours pour choisir l’artiste, comme cette année ça été Bernard Adamus qui est invité à jouer en France au mois de novembre et nous on va aller au mois de novembre faire la même chose, c’est-à-dire choisir l’artiste qu’on va inviter l’année prochaine en 2010.

Est-ce qu’on peut comparer le Festiblues International de Montréal et le Festival Blues sur Seine, pour ceux qui n’y sont jamais allés?
Physiquement c’est différent, nous c’est surtout à l'extérieur alors qu’eux c'est à l'intérieur. Ils font du développement de plusieurs salles à travers la banlieue (Mantes-la-Jolie). Donc c’est comme si à Montréal on faisait des spectacles à Ahuntsic, à Rosemont, à Hochelaga-Maisonneuve, etc. C’est dans toutes sortes de salles, des gymnases, auditoriums; ils ont beaucoup de vieilles églises dans lesquelles ils font des concerts et dans les prisons aussi. Donc là-bas, c’est à l'intérieur et étalé sur deux semaines.
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Blues sur Seine
Jean Guillermo - Fred Delforge - Mike Lécuyer
Est-ce que tu as eu la chance de voir nos artistes québécois qui ont remporté le concours de la relève, performer en France?
Oui à chaque année, quand les dates correspondent et généralement c’est le cas. Évidemment c’est un devoir d’aller les voir et les encourager. De toute façon, on se voit à la cantine principale, qui est une idée originale si on peut dire de Blues sur Seine et que d’autres événements font aussi. Nous on le fait maintenant... Tous les artistes se rencontrent avec les techniciens pour dîner et souper et c’est vraiment très sympathique.

Est-ce que les spectateurs sont nombreux pour venir voir nos artistes québécois? Comment les gens réagissent face à la relève?
C’est-à-dire que la relève c’est un peu la même chose qu’ici, ils peuvent jouer dans les bars. Généralement c’est un peu des bars comme le Bistro à Jojo, avec la même capacité. Parfois ils vont faire des premières parties dans des auditoriums. Puis les auditoriums pour les artistes un peu plus connus, québécois ou américains, le plus gros a une capacité d’à peu près 1800 personnes. Mais sinon c’est un peu comme les maisons de la culture, entre 500 et 600 personnes à certains endroits.

Faites-vous un suivi des artistes qui remportent le concours de la relève au Québec?
De notre côté c’est un peu plus difficile, parce que la France c’est un marché un peu plus fermé et il y a certains artistes qui essaient de retourner mais là évidemment c’est par leurs propres créneaux, ils doivent faire leurs propres contacts… ce n’est pas facile. Par contre, nous au Festiblues, tu vois Charles Pasi c’est la deuxième année qu’il vient. Il a développé son marché, il fait beaucoup d’événements et de salles. Il y a Roland Tchakounte qu’on a découvert avant le festival de Jazz, qui a joué aussi plusieurs fois au Québec dans différentes salles. Donc ce n’est pas facile… quand t’es pas connu ou que tu n’as pas de compagnie de disques, c’est assez difficile. Par contre, tu vois cette année, Bob Walsh a été invité, Guy Bélanger aussi, qui était là l’année dernière. Donc pour certains artistes, ça va super bien!

Est-ce que tu peux expliquer aux artistes qui aimeraient participer au concours de la relève l’an prochain, comment procéder et être admissible à ce concours?
Puisque les billets d’avion sont subventionnés par l’OFQJ (Office franco-québécois pour la jeunesse), il faut avoir moins de 35 ans au moment de l’inscription. Les inscriptions sont vers le mois de février, on annonce sur notre site web que le concours est commencé et ça va jusqu’au premier mai et ensuite nous on écoute tous les CD qui nous ont été envoyés. On fait une pré-sélection pour choisir les six qui vont performer à la Maison de la culture le troisième week-end de juin, un samedi. Et de là, après il y a un jury indépendant qui fait une sélection de trois formations et c’est la finale pendant notre événement. Donc c’est très simple, l’important c’est d’avoir moins de 35 ans, d’être avec la même formation à toutes les étapes et faire du blues. Mais on peut avoir des influences blues et faire évoluer un peu la musique… on est quand même ouverts. D’ailleurs, Bernard Adamus, les deux jurys l’ont élu très rapidement. C’est un exemple de blues roots, qui a été un peu hybride, qui a été transformé et qui a été véhiculé de façon très originale par cet auteur-là.
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Toi justement, qu’en as-tu pensé du gagnant de cette année, Bernard Adamus?
Bien moi dans la pré-sélection j’avais très confiance qu’il allait être choisi et je ne suis pas surpris qu’à l’unanimité, les deux jurys indépendants l’aient choisi en moins de 15 minutes; non ça ne me surprend pas. J’ai trouvé qu’il avait vraiment un bon vécu, c’est original et il a quand même assez d’expérience, ça paraît... peut-être qu’il a fait des petits spectacles. Puis il a une saveur un peu européenne je pourrais dire… délinquante mais dans le bon terme.

Au fils des ans, le Festiblues a accueilli plusieurs artistes, est-ce qu’il y a un coup de coeur ou un événement concept qui t’a marqué davantage?
Moi j’ai beaucoup aimé au niveau des artistes français; Charles Pasi qui nous a vraiment impressionés la première fois, c’est pourquoi on l’a réinvité la deuxième fois. Des artistes comme Bryan Lee cette année, a été pour moi très accrocheur, évidemment c’est un artiste très professionnel. Puis dans les spectacles concept, je peux dire que Blues sur Pelouse avait respecté la commande. C’était vraiment des artistes qui faisaient du blues et je crois qu’il y a eu des bons moments, évidemment il y a eu Bob Walsh, c’était très bon… je peux vous dire également que Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers, qui sont des artistes qui vont souvent à Blues sur Seine et en France, sont vraiment des coups de coeur. Je ne peux pas dire qu’il y a une édition qui m’a vraiment déçu.

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Bernard Adamus - Luis Oliva 

J’ai eu la chance la semaine dernière, de voir le Festiblues 2007 diffusé à la télévision. Est-ce qu’on peut espérer qu’une prochaine édition le soit encore?
Non, malheureusement le producteur délégué qui était le contact avec TV5 et vendait le concept a vendu sa compagnie. Donc pour le moment on fait une pause pour la télévision, on ne dit pas non à d’autres projets mais là on va laisser venir les choses tranquillement pas vites.

Tu disais qu’il risquait d’y avoir des spectacles qui allaient satisfaire les puristes du blues l’an prochain, je sais que tu ne peux pas en parler… mais est-ce que tu as quelques idées qui mijotent et sur lesquelles tu pourrais t’avancer?
Non je ne peux pas malheureusement, c’est vraiment trop embryonnaire, puisqu’on vient juste de compléter la 12ième édition. On a des idées comme je vous dis et on prend ça à coeur. Tu sais, pour nous les critiques, c’est toujours constructif… on reçoit des e-mails, on comprend le point de vue des puristes mais des fois ça prend plus de temps à satisfaire ces gens-là… il y a des fois des artistes qu’on aimerait avoir mais qui ne sont pas disponibles au moment ou on voudrait les avoir. Donc ce sont toutes des difficultés parfois que l’on doit surmonter, ce ne sont pas de grosses difficultés mais il faut attendre. Des fois ça peut prendre trois ans avant d’avoir certains artistes et évidemment c’est sûr qu’on regarde au niveau américain. On n'est pas un événement millionnaire si on peut dire, comparé à d’autres, mais on travaille fort pour justement faire monter la cote au niveau du blues. Il va probablement y avoir quelque chose de spécial…


Jimmy James - Festiblues 2009

Est-ce que tu as un fantasme musical particulier que tu aimerais concrétiser au Festiblues?
C’est sûr qu’il y a des artistes comme Buddy Guy ou celui qui n’arrivera jamais: Eric Clapton, parce que là on parle de trop d’argent, c’est impossible à faire. Donc on doit y aller avec des noms un peu plus sûrs, on pourrait dire peut-être George Thorogood… des artistes de ce genre. Mais ils doivent être disponibles au moment où nous on veut faire affaire avec eux. Des fois ce n’est pas toujours le cas. Il y a aussi Colin James, qu’on a toujours voulu avoir… mais des fois, les dates ça ne marche pas!

Si on parle de financement ou de subventions, êtes-vous satisfaits des montants qui vous sont accordés chaque année?
Oui, c’est sûr que dans notre positionnement on aimerait avoir un peu plus, parce que souvent les gros événements sont choyés, je comprends très bien la polémique mais des fois on oublie les événements moyens. Mais à ce niveau-là il y a du très bon travail qui se fait des deux côtés... de notre côté et du côté politique, puis ça évolue lentement mais sûrement.

En quelques mots, comment résumerais-tu la 12ième édition du Festiblues? 
Bien on est extrêmement satisfaits... satisfaits des artistes, on les remercie beaucoup. On est très satisfaits de nos jeunes qui travaillent et qui sont payés grâce au tarif d’entrée que l’on charge au public. On remercie beaucoup la nature car c’est probablement notre édition à vie la plus ensoleillée et la plus chaude qu’on ait vécu. Donc on est très satisfaits et on remercie beaucoup les festivaliers.

Eh bien! Félicitations à vous tous parce que moi j’ai du plaisir chaque année et c’est un superbe festival!
Merci beaucoup!
 

Patricia Clavel
 
 

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