Webzine Le Net Blues
-- Stéphan Lunati
steflun@videotron.ca
 
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--- Préliminaires
IGGY POP
Virgin Records
 
 
 
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Pour les fans absolus des Stooges, PRÉLIMINAIRES (2009), dernier album d’IGGY POP, va être totalement déconcertant. Pour les admirateurs de l’Iguane en solo, il ne sera que le grand frère aguerri du méconnu mais non moins excellent AVENUE B (1999), et pour tous les autres, il va devenir une pure merveille après plusieurs écoutes attentives.
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--- Il est certain qu’entendre, en ouverture, le parrain du punk nous chanter en français LES FEUILLES
MORTES (1945) de Prévert et Kosma a quelque chose de surréaliste, mais il domine tellement son sujet que cette reprise en devient fabuleuse et va vous donner le grand frisson. Inspiré par le roman de Michel Houellebecq, LA POSSIBILITÉ D’UNE ILE, ce nouvel opus suit la trame du livre et se poursuit avec I WANNA GO TO THE BEACH, superbe ballade qui démarre avec quelques notes au piano et dans laquelle IGGY déploie son texte d’une voix langoureuse de crooner. D’ailleurs, n’avait-il pas déjà confié en entrevue que Frank Sinatra était l’un de ses chanteurs préférés ?

Ensuite, il enchaîne avec une fanfare style New-Orleans pour KING OF THE DOGS, sur une rythmique de type Dixieland très entraînante, dans laquelle il nous raconte que la vie de chien est vraiment cool. S’ensuit un duo avec la chanteuse Lucie Aimé (épouse du producteur de l’album Hal Cragin) dans JE SAIS QUE TU SAIS. Les voix s’entremêlent en talk-over sur une musique blues électrique, créant une ambiance très particulière qui se prolonge dans la calme, éthérée et spatiale SPANISH COAST, pour laquelle la voix grave du chanteur est accompagnée de sublimes nappes de violons.

Puis, arrive NICE TO BE DEAD, la seule pièce rock de l’album dans laquelle on reconnaît sa signature habituelle avec un son punché et des guitares tranchantes. Dans HOW SENSITIVE, l’artiste se paye même le luxe d’une reprise magnifiquement réarrangée d’Antonio Carlos Jobim sur une musique lancinante soutenue de sa voix chaude et sirupeuse à souhait. Avec son instrumentation électronique inspirée de la période électro-pop de THE IDIOT (1977), PARTY TIME nous rappelle qu’il est capable d’écrire des morceaux dansants, suivi de l’une des perles de ce disque, HE’S DEAD/SHE’S ALIVE, superbe blues acoustique qui nous ramène directement à Robert Johnson. Parfait.

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A MACHINE FOR LOVING raconte la fin du chien Fox (lire le livre) et nous explique, sur une douce musique folk, qu’un chien aime toujours son maître, qu’il soit laid, difforme ou stupide, à l’inverse des humains. Puis, SHE’S A BUSINESS reprend le thème de JE SAIS QUE TU SAIS, sans toutefois la participation féminine et d’une voix qui semble venir d’outre-tombe. Enfin, l’album se termine avec un autre mix de LES FEUILLES MORTES où les amoureux de la clarinette trouveront leur bonheur dans une ambiance plus jazzy. 

En définitive, à 62 ans maintenant, IGGY POP s’avère toujours capable de nous faire passer par toute une gamme d’émotions dans un registre où l’on ne l’attendait pas, preuve que l’Iguane est versatile et a beaucoup de talent. C’est pour ça qu’on espère le voir à nouveau à Montréal très bientôt, même si Ron Asheton ne sera plus jamais là…

Stéphan Lunati
Collaboration spéciale

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