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CROSSROADS:
À la croisée des styles
Le deuxième album de
Guy Bélanger
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MP3
Promo - Catch That Train
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Le deuxième album de Guy Bélanger,
Crossroads, a fait son entrée chez les disquaires le 31 août
dernier. Soit deux ans après le premier album éponyme de
l’harmoniciste et dont les ventes se sont élevés à
plus de 10 000 copies. Un exploit pour un tel créneau, dont la diffusion
radiophonique et la promotion sont limitées, affirmait l’artiste
lors d’un passage en entrevue à RDI. Le titre d’album ne peut faire
autrement que de nous rappeler le fameux « Cross Road Blues »
de Robert Johnson. Cependant, Crossroads est plutôt le titre d’une
pièce popularisée par Calvin Russell. «C’est une pièce
importante de l’album, une chanson qui raconte l’histoire d’un gars qui
s’est sauvé des États-Unis lors de l’enrôlement pour
la guerre du Vietnam. Je ne suis pas à la croisée des chemins,
mais l’album est plutôt la croisée des styles.»
Il est vrai que cet opus se veut un amalgame de
styles musicaux. Qu’il s’agisse de blues ou de folk, on ne peut vraiment
infliger un qualificatif à cet album qui nous fait littéralement
voyager d’une pièce à l’autre. Les quinze titres que nous
livre le virtuose de la musique à bouche regroupent sept compositions,
dont fait partie “Where the Buffalo Sleeps” et qui sert d’introduction
à l’univers proposé. |
Le titre de cette courte pièce est inspiré
du nom de l’harmoniciste, Norton Buffalo, décédé en
2009 et qui accompagna Steve Miller pendant près de 30 ans. Dès
lors, on est envoûté par l’instrument de l’artiste et l’intro
est suivie d’une pièce de Mississippi John Hurt, “Got The Blues”,
l’une de mes préférées ne serait-ce que pour son rythme
accrocheur. On peut y entendre à tour de rôle, les voix des
guitaristes Gilles Sioui et André Lachance, tous deux d’excellents
chanteurs, mais aussi celle de Guy Bélanger qui entreprend le troisième
couplet avec brio. La voix de Sioui est aussi celle que l’on entend sur
“Who’s Been Talkin”, une voix réconfortante et chaude qui s’approprie
les paroles d’Howlin’ Wolf avec justesse.
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L’artiste a fait appel à deux grandes
voix du Québec, dont celle de Kim Richardson qui avait aussi participé
au premier album de Guy Bélanger et qu’il qualifie d’ailleurs comme
la plus grande voix soul. Rien d’étonnant, puisqu’on constate le
talent de la chanteuse avec la pièce de Keb’Mo : “Don’t Try to Explain”.
Tout y est pour nous émouvoir. Les paroles racontent une peine d’amour
déchirante interprétée avec émotion. Et que
dire de l’harmonica ainsi que de la guitare de Rob MacDonald qui parviennent
tous deux à nous transmettre la douleur et la peine véhiculées
dans cette pièce poignante, mais combien brillante. Une très
très grande chanson, qui ébranle le coeur et susceptible
de bouleverser tous les sentimentaux de ce monde.
S’ajoute également la voix d’Éric
Lapointe. Le rockeur au coeur tendre interprète une pièce
de Lucinda Williams : “Blue”. Encore une fois, Bélanger a fait un
choix judicieux en invitant son ami à chanter cette pièce
qui lui colle à la peau, comme s’il l’avait écrite lui-même.
On se laisse volontiers bercer par la voix rauque du chanteur que l’on
entend rarement en anglais et qui se marie à l’harmonica, digne
d’une belle collaboration. |
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Gilles Sioui
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Kim Richardson
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Crossroads se distingue du premier album qui
se rapprochait davantage de la trame sonore du film Gaz Bar Blues. Cette
fois, l’harmoniciste a choisi un répertoire plus éclectique
et plus accessible au grand public, car moins instrumental. Il m’apparaît
porter le fruit d’une recette gagnante grâce à ses sonorités
contemporaines et l’ordre des pièces, adéquatement choisies,
de sorte que le rythme ne soit pas constant. Autrement dit, chaque pièce
est une surprise et on peut écouter l’album jusqu’au bout, d’une
traite, sans ne jamais se lasser. L’harmonica, évidemment présent
tout au long de l’album, est bien dosé et laisse place aux autres
instruments.
La pièce “Jack Of Hearts”, qui débute
au son du piano de Jean-Fernand Girard, se fait rattraper par l’harmonica
et en résulte une pièce instrumentale n’ayant nul besoin
de paroles pour nous faire frémir. Pas étonnant que cette
belle pièce soit décernée à son père
Jacques |
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Rob MacDonald - Guy Bélanger
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Sans équivoque, elle est l’une de mes coups
de coeur et le solo de guitare de MacDonald qui s’ajoute à mi-chemin
est à en couper le souffle. Cette pièce est d’une simplicité,
mais reflète toute la sensibilité de l’artiste, qui a lui-même
composé cette attendrissante berceuse.
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Guy Bélanger - Kim Richardson
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Une mention toute spéciale à la
pochette qui, en plus d’être belle, nous explique le sens de chaque
pièce pour l’artiste ou encore le contexte dans laquelle elle fut
choisie. Cela nous permet d’écouter l’album sous un autre angle,
comme une histoire qui nous est racontée.
Guy Bélanger est un artiste totalement
dévoué à son art et le fait majestueusement bien depuis
une trentaine d’années maintenant. Vous trouverez d’intéressantes
découvertes dans ce deuxième opus dont un son d’harmonica
rarement entendu. On pourrait dire de lui qu’il est un grand chef, ayant
su manier les ingrédients parfaits pour que Crossroads soit un succès.
Un véritable bouillon de poulet pour l’âme ! Permettez-moi
la métaphore. Ce délice auditif assure une longue tournée
pour l’harmoniciste qui fera sa rentrée montréalaise le 6
octobre prochain à l’Astral, rue Ste-Catherine. À constater
les ventes d’album qui vont bon train, gageons que la salle sera remplie
!
Patricia Clavel
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Rob MacDonald - Mélissa
Lavergne - Guy Bélanger - Marc-André Larocque - Claude Fradette
- Karl Surprenant
Production:
Guy Bélanger et la Maison des disques BROS
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