Webzine Le Net Blues
-- Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
Photos: Louise Gosselin
CROSSROADS: À la croisée des styles
Le deuxième album de Guy Bélanger
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Guy Bélanger - myspace.com/guybelanger

Vidéo Crossroads 10 minutes - 26Mo -->                             Vidéo Plein écran 46Mo  -->
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MP3 Promo - Catch That Train
Le deuxième album de Guy Bélanger, Crossroads, a fait son entrée chez les disquaires le 31 août dernier. Soit deux ans après le premier album éponyme de l’harmoniciste et dont les ventes se sont élevés à plus de 10 000 copies. Un exploit pour un tel créneau, dont la diffusion radiophonique et la promotion sont limitées, affirmait l’artiste lors d’un passage en entrevue à RDI. Le titre d’album ne peut faire autrement que de nous rappeler le fameux « Cross Road Blues » de Robert Johnson. Cependant, Crossroads est plutôt le titre d’une pièce popularisée par Calvin Russell. «C’est une pièce importante de l’album, une chanson qui raconte l’histoire d’un gars qui s’est sauvé des États-Unis lors de l’enrôlement pour la guerre du Vietnam. Je ne suis pas à la croisée des chemins, mais l’album est plutôt la croisée des styles.»

Il est vrai que cet opus se veut un amalgame de styles musicaux. Qu’il s’agisse de blues ou de folk, on ne peut vraiment infliger un qualificatif à cet album qui nous fait littéralement voyager d’une pièce à l’autre. Les quinze titres que nous livre le virtuose de la musique à bouche regroupent sept compositions, dont fait partie “Where the Buffalo Sleeps” et qui sert d’introduction à l’univers proposé.

Le titre de cette courte pièce est inspiré du nom de l’harmoniciste, Norton Buffalo, décédé en 2009 et qui accompagna Steve Miller pendant près de 30 ans. Dès lors, on est envoûté par l’instrument de l’artiste et l’intro est suivie d’une pièce de Mississippi John Hurt, “Got The Blues”, l’une de mes préférées ne serait-ce que pour son rythme accrocheur. On peut y entendre à tour de rôle, les voix des guitaristes Gilles Sioui et André Lachance, tous deux d’excellents chanteurs, mais aussi celle de Guy Bélanger qui entreprend le troisième couplet avec brio. La voix de Sioui est aussi celle que l’on entend sur “Who’s Been Talkin”, une voix réconfortante et chaude qui s’approprie les paroles d’Howlin’ Wolf avec justesse.
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L’artiste a fait appel à deux grandes voix du Québec, dont celle de Kim Richardson qui avait aussi participé au premier album de Guy Bélanger et qu’il qualifie d’ailleurs comme la plus grande voix soul. Rien d’étonnant, puisqu’on constate le talent de la chanteuse avec la pièce de Keb’Mo : “Don’t Try to Explain”. Tout y est pour nous émouvoir. Les paroles racontent une peine d’amour déchirante interprétée avec émotion. Et que dire de l’harmonica ainsi que de la guitare de Rob MacDonald qui parviennent tous deux à nous transmettre la douleur et la peine véhiculées dans cette pièce poignante, mais combien brillante. Une très très grande chanson, qui ébranle le coeur et susceptible de bouleverser tous les sentimentaux de ce monde.

S’ajoute également la voix d’Éric Lapointe. Le rockeur au coeur tendre interprète une pièce de Lucinda Williams : “Blue”. Encore une fois, Bélanger a fait un choix judicieux en invitant son ami à chanter cette pièce qui lui colle à la peau, comme s’il l’avait écrite lui-même. On se laisse volontiers bercer par la voix rauque du chanteur que l’on entend rarement en anglais et qui se marie à l’harmonica, digne d’une belle collaboration.

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Gilles Sioui
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Kim Richardson
Crossroads se distingue du premier album qui se rapprochait davantage de la trame sonore du film Gaz Bar Blues. Cette fois, l’harmoniciste a choisi un répertoire plus éclectique et plus accessible au grand public, car moins instrumental. Il m’apparaît porter le fruit d’une recette gagnante grâce à ses sonorités contemporaines et l’ordre des pièces, adéquatement choisies, de sorte que le rythme ne soit pas constant. Autrement dit, chaque pièce est une surprise et on peut écouter l’album jusqu’au bout, d’une traite, sans ne jamais se lasser. L’harmonica, évidemment présent tout au long de l’album, est bien dosé et laisse place aux autres instruments.

La pièce “Jack Of Hearts”, qui débute au son du piano de Jean-Fernand Girard, se fait rattraper par l’harmonica et en résulte une pièce instrumentale n’ayant nul besoin de paroles pour nous faire frémir. Pas étonnant que cette belle pièce soit décernée à son père Jacques

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Rob MacDonald - Guy Bélanger
Sans équivoque, elle est l’une de mes coups de coeur et le solo de guitare de MacDonald qui s’ajoute à mi-chemin est à en couper le souffle. Cette pièce est d’une simplicité, mais reflète toute la sensibilité de l’artiste, qui a lui-même composé cette attendrissante berceuse.
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Guy Bélanger - Kim Richardson
Une mention toute spéciale à la pochette qui, en plus d’être belle, nous explique le sens de chaque pièce pour l’artiste ou encore le contexte dans laquelle elle fut choisie. Cela nous permet d’écouter l’album sous un autre angle, comme une histoire qui nous est racontée.

Guy Bélanger est un artiste totalement dévoué à son art et le fait majestueusement bien depuis une trentaine d’années maintenant. Vous trouverez d’intéressantes découvertes dans ce deuxième opus dont un son d’harmonica rarement entendu. On pourrait dire de lui qu’il est un grand chef, ayant su manier les ingrédients parfaits pour que Crossroads soit un succès. Un véritable bouillon de poulet pour l’âme ! Permettez-moi la métaphore. Ce délice auditif assure une longue tournée pour l’harmoniciste qui fera sa rentrée montréalaise le 6 octobre prochain à l’Astral, rue Ste-Catherine. À constater les ventes d’album qui vont bon train, gageons que la salle sera remplie !

Patricia Clavel

 


Rob MacDonald - Mélissa Lavergne - Guy Bélanger - Marc-André Larocque - Claude Fradette - Karl Surprenant

Production: Guy Bélanger et la Maison des disques BROS
 
 
 
 

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