Webzine Le Net Blues
-- Par: Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
Photos: Louise Gosselin
Guy Bélanger
Une rentrée montréalaise remarquable


C’est au Lion d’Or, rue Ontario à Montréal, que nous avons trouvé une salle comble mercredi soir dernier pour y accueillir l’harmoniciste Guy Bélanger, qui effectuait alors sa rentrée montréalaise. Suite à la sortie d’un premier album éponyme en février dernier dont les ventes furent considérables et les critiques cordiales, voilà qu’enfin Guy Bélanger nous livre son propre spectacle. Évidemment, bien entouré par ses musiciens, dont les guitaristes Rob McDonald et Gilles Sioui, le bassiste/contrebassiste Carl Surprenant et le batteur Marc-André Larocque. 
 

- Le public a eu droit à un spectacle sans temps mort ni longueur, tout en passant par une agréable gamme d’émotions. Visiblement fébrile lorsque vint le temps de s’adresser aux spectateurs, Guy Bélanger demeure par sa vulnérabilité un être sympathique et chaleureux qui entretient une certaine complicité avec son auditoire.  Toutefois, dès que l’harmoniciste s’accapare de son instrument qu’il maîtrise de façon remarquable, il devient comme un poisson dans l’eau, nageant dans son élément vital.

Celui pour qui l’harmonica est plus fort que la politique a prit bien soin de remercier le public de sa présence, malgré la diffusion du débat des chefs qui avait lieu le soir même à la télévision. ‘‘L’harmonica c’est mon parti’’ a-t’il lancé!  Débutant avec une pièce instrumentale à l’intensité grimpante, on a senti dès lors par la concentration de tous les musiciens que nous aurions droit à un spectacle riche en musique.

Et c’est ce que nous ont prouvé Rob McDonald et Gilles Sioui, ceux-ci ont livré d’impressionnantes performances aux guitares acoustiques et électriques, ainsi qu’à la dobro.  Les deux guitaristes s’échangeaient de superbes solos, sans aucune compétition ni prétention, mais tintés d'un talent indéniable.  Bref, un choix astucieux et une formule gagnante pour le chef du parti!
Sioui, que l’on gagne aussi à connaître au travers ses projets personnels, a prêté sa voix sur quatre pièces, dont ‘‘Who’s Been Talking’’ (Howlin’ Wolf), ‘‘I Got the Blues and I Can’t Get Satisfied’’ (Mississippi John Hurt), ‘‘Crossroad’’ (Kevin Russell) et ‘‘Mother She Knows’’, une pièce qu’il a écrite et offerte à son ami de longue date et que l'harmoniciste aura pris soin d’insérer sur son album.  Impossible de ne pas se bercer sur cette douce mélodie, soutenue par la voix suave de Gilles Sioui.  Même si ce dernier prête fréquemment sa voix durant le spectacle, c’est l’harmonica qui demeure en avant-plan et qui tient la vedette. 

 Guy Bélanger s’est quant à lui improvisé chanteur, le temps de deux chansons, qu’il appréhendait nerveusement, mais qui finalement s’est déroulé sans fausses notes, sur les airs de ‘‘Before You Accuse Me’’ (Eugene McDaniel) et ‘‘Dock of the Bay’’ (Otis Redding).  Après deux pièces de l’album, ‘‘For You’’ et ‘‘Snow Falling Grey Day’’ (Bob Walsh), un invité spécial a fait son apparition: le guitariste Claude Fradette, avec qui l’harmoniciste a remporté le Jutra de la meilleure musique pour le film Gaz Bar Blues (2003). 

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Vidéo - Guy Bélanger - Claude Fradette
Deux chanson tirées du film ont été interprétées, soit ‘‘Retour à Berlin’’ et ‘‘Ti-Bum’’.  Cette dernière a d'ailleurs été dédiée à son frère Louis, le réalisateur et scénariste du film.  Des scènes clef du long métrage Gaz Bar Blues ont aussi été présentées sur écran géant durant les performances.
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Guy Bélanger - Carl Surprenant au centre et Gilles Sioui
La première partie terminée, on sentait un public déjà conquis grâce à une bonne rythmique, de bons enchaînements et des interventions souvent loufoques de Guy Bélanger qui possèse une capacité à tisser un lien étroit avec son public qu'il respecte au plus haut point et ne prend jamais pour acquis.

 La deuxième partie nous a guère épargné de bons choix musicaux.  Une fois arrivé sur scène en solo avec l’harmonica, il planait un silence complet et le moment était beau.  Puis vint un morceau concocté avec Rob McDonald.  Les deux musiciens semblaient alors en plein défoulement musical et on sentait un Guy Bélanger plus détendu.

 Comme une ‘‘cerise sur le sundae’’, Bob Walsh est monté sur scène au grand plaisir de plusieurs, afin d’y interpréter deux chansons, soit ‘‘Lonely Night in Georgia’’ (Marc Broussard) et ‘‘My Baby Don’t Tolerate’’ (Lyle Lovett). Guy Bélanger a fait ses débuts à l’harmonica il y a de cela 33 ans aux côtés de Bob Walsh.  Inutile de vous dire qu'il existait une grande complicité entre les deux artistes! La chimie était flagrante et palpable.

Après un rappel de deux chansons, Guy Bélanger et ses musiciens ont été acclamés et remerciés par une ovation bien méritée. L’harmoniciste aura pu dormir sur ses deux oreilles ce soir-là, sa rentrée montréalaise s’avérant réussie! 

 Le récipiendaire d’un récent Lys Blues dans la catégorie ‘‘performance musicale’’ parvient toujours à nous épater davantage.  En effet, Guy Bélanger démontre un professionnalisme, une détermination et un talent assuré qui nous laissent entrevoir encore plusieurs années de succès.

Patricia Clavel
 
 
 

 

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Vidéo Guy Bélanger - Bob Walsh
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