Par: Pierre Jobin golyblues@hotmail.com

Gilles C. Sioui est une «unknown legend» de la musique amérindienne. Son «son » de guitare profond et aérien, tantôt intense, tantôt tout en délicatesse est issu d’une finesse et d’une écoute peu commune. Pas étonnant qu’au fil des ans, il soit devenu une référence d’adoption pour plus d’une génération de musiciens de différentes nations amérindiennes et au Québec.

Laissez-moi vous raconter une anecdote plutôt éclairante, à ce sujet. Il y a peu de temps, été 2007, alors que j’étais en Moyenne-Côte-Nord, à Mingan plus précisément, j’étais venu assister à un concert improvisé présenté par deux jeunes innus, l’un à la guitare acoustique et au chant, et l’autre à la guitare électrique. Ils furent bientôt rejoints par un troisième, plus âgé, à la basse. Quel ne fut pas mon étonnement d’y entendre le jeune guitariste jouer de la guitare électrique dans les «sentiers de riffs» et de modulations de volume, parcourus et exprimés par Gilles Sioui… En seconde réflexion, je n’aurais pas dû être aussi surpris de la chose, car ce dernier, auteur-compositeur-interprète de la nation des Wendat ou huronne, que ce soit avec son frère Bruno, guitariste, ou avec ses nombreux amis musiciens, a répandu subtilement son style de guitare. Que ce soit à Québec avec Bob Walsh, à Montréal, alors qu’il était membre du Stephen Barry Band, à Maliotenam et ailleurs avec Florent Vollant et Bryan André, sa musique, telle une rivière aux expressions multiples, s’est insinuée jusqu’aux confins de la «Grande Tortue du Québec», et au-delà…

Un jour, il était particulièrement fier de me dire qu’il était très heureux d’avoir supporté et participé à la réalisation du premier CD en langue attikamek, au Québec, soit celui des jeunes et très talentueux, Arthur Petiquay et Laura Niquay.
J’aimerais mentionner, au passage, le rôle significatif qu’il a joué, notamment à titre de directeur musical, avec plusieurs autres amis et musiciens, lors de l’événement «La Tournée du Soleil Levant», en 2005. Je serais incapable, malheureusement, de tous les nommer, mais qu’ils tous soient salués!... J’aimerais mentionner, cependant, Bryan André, animateur et excellent artiste, les frères Patrick Boivin, basse et Louis-Philippe Boivin, batterie, musiciens du band accompagnateur, de même qu’Yvon Lemieux, producteur, réalisateur de la vidéo de cet événement aux allures d’expédition-rencontres dans quatre communautés amérindiennes, au Québec.
En effet, cette vidéo fut captée lors de spectacles et d’échanges avec des jeunes de différentes nations amérindiennes et, en grande finale, lors d’un magnifique gala aux allures de rassemblement festif, à l’Impérial de Québec. Cette vidéo fut ensuite diffusée sur la chaîne spécialisée APTN et à Télé-Québec. Il s’agit d’une belle réussite à caractère artistique et social, incluant certains parmi les meilleurs bands, artistes et jeunes talents de la relève musicale amérindienne au Québec! Ceux-ci ont pour nom : Sylvain Bégin, Petapan, Nathalie Picard, Laura Niquay et Arthur Petiquay.

Je suis d’avis que cette vidéo devrait être présente dans toutes les bibliothèques et communautés au Québec. C’est une référence artistique de premier plan et un outil de communication culturelle et sociale, substantiel. C’est un jalon planté par des visionnaires! Rien de moins!

Quant à Gilles Sioui, dire de lui qu’il représente un chef de file en matière de musique amérindienne, folk et blues relève de l’euphémisme! Ses trois CDs et ses multiples participations à des albums d’autres artistes sont là pour le démontrer. Parmi ceux-ci, mentionnons seulement Bob Walsh, Florent Vollant, Bryan André, Kevin Parent et Vincent Vallières, pour n’en nommer que quelques uns.
On peut dire, en fin de compte, qu’au travers des aléas de la route, la musique de Gilles Sioui, de par son authenticité et son originalité, touche à quelque chose d’universel! La guitare de Gilles Sioui a cette sensibilité qui parle à l’âme!...

Écoutez-le vous raconter quelques bribes de ses expériences -->

Pierre Jobin