Webzine Le Net Blues
Gilles
Sioui & Friends
35 ans de musique
-
--
Gilles Sioui
|
Affluents rassembleur
Les gens étaient venus à l’Impérial
de Québec pour le spectacle de Gilles Sioui, 35 ans de musique,
de folk, de blues, de musique amérindienne et de rock, en ce 29
mai 2008. Gilles Sioui est arrivé avec son band, les Midnight Riders,
soulignant l’inspiration agissante de son frère et guitariste Bruno
Sioui, décédé récemment, le chef d’orchestre
des Midnight Riders, de même que la présence de sa mère
Rita et de sa sœur Odette, pour l’occasion spéciale.
La soirée débute avec I Wanna Know,
une pièce ‘rock et soft’ tirée de son premier album éponyme
avec le
band : Réal Lesage, à la basse,
Dan Godro, à la B3, Steve Tremblay, à la batterie et David
Cardey, à la guitare. Le groupe enchaîne avec This Time (I’m
Leaving) du 3e album Old Fool, paru en 2004. Puis, suivent Analyse It,
un reggae et Travel Day, racontant les aléas de la vie de musiciens
sur la route, ce que fut, à date, pour une bonne partie, la vie
de Gilles Sioui.
Ensuite, premier invité spécial,
Florent Vollant arrive! Teueikan (tambour amérindien) à la
main, aux ‘rythmes du cœur’ rassembleurs, il interprète la pièce
Nikana, tiré de son excellent album Katak, pour ‘partager sa fierté
dans le respect des différences’. Puis, c’est le tour de son neveu,
Bryan André, avec Bryan Blues.
Par la suite, retour aux racines de cette carrière
de folk et de blues du guitariste wendat, avec M. Bob Walsh, un ancien
voisin de gigs de Gilles dans le bout des rues St-Jean et Couillard, pas
en 1608, mais peut-être en 1978-79. Cette présence, débordante
de chaleur, ravive ces amitiés musicales originelles scellées
dans |
-
le feu de l’âme. Notre Bob national de
Québec est accompagné de ses vieux chums Guy Bélanger,
à l’harmonica et Jocelyn ‘Ken’ Picard, à la basse, venus
se glisser dans ces Riders à géométrie variable. Il
entame à la guitare, la ballade lente et émotionnelle à
donner la chair de poule, Snow Falling Grey Day, une de ses compostions,
un classique. Guy Bélanger s’élance dans un solo d’harmonica
fait d’envolées lyriques sous les sourires complices de Bob et Gilles
et les applaudissements de la foule. Ça met le feu dans la salle!
Sioui frotte sa guitare comme une lampe magique de la dernière chance!...
C’est le royaume des frères de l’âme!
L’honneur de terminer le premier set revient à
l’inénarrable Stephen Barry, légende du blues au Québec,
s’il en est une. Gilles a eu le plaisir de faire partie de son band, jadis.
À chaque fois que ces deux-là jouent ensemble ici et là,
on dirait que c’est comme s’ils continuaient le spectacle de la veille.
Le ‘bassiste à l’attitude de jeunesse, voire juvénile’
insinue de sa quat’ grosses cordes’ un beat de train qui entraîne
un You Can’t Catch Me de Chuck ‘Crazy Legs’ Berry, de même que les
spectateurs et la salle toute entière, au pays des rêves!...
Le public lui réserve une ovation debout! Le train a atteint sa
vitesse de croisière!... Ça promet! |
-
|
Claude McKenzie - Florent Volant
- Bryan André-
|
Deuxième partie… D’entrée de jeu,
Claude McKenzie, ex-Kashtin, accompagné notamment de Florent Vollant,
met le feu aux poudres et le fun dans la place avec son interprétation
de A Pu Shapentaman. Bryan André, jeune vétéran, valeur
montante de la musique amérindienne, revient ensuite avec son Reggae
Bryan. Stephen Barry, notre ‘roi du shuffle’, suit avec Poor Boy. Gilles
Sioui, comme propulsé, supporté par cette énergie,
y déploie des moments de guitare blues parmi les plus fluides et
les plus intenses!... La chimie naturelle du groove fait son effet! Ça,
c’est du blues! Ça c’est d’la synergie à haute température!
Bob Walsh réapparaît un peu plus loin, avec une autre compo,
Coffee Pot, qui a passé le test du temps. Bien en verve comme à
son habitude, il badine mentionnant qu’il s’agit bien d’une cafetière
et non d’une mixture de deux produits de Colombie… L’effet de la pièce
est survoltant, la salle remplie à pleine capacité, en feu! |
Ensuite, le guitariste de Wendake annonce l’instrumental
Magic Mushroom, pièce mythique, durant laquelle, élément
plus usité à une autre époque, l’excellent Steve Tremblay
y va d’un solo de drum ‘entertainant’ et consistant!
Pour leur part, Bryan André et Florent
Vollant remettent ça en langue innue, entre autres avec l’entraînant
Tshinano ou Claude McKenzie se joint à la fête des ‘beats
from the heart’ chantés…. Hhhaie! Hhhaie! Hhhaie! Hhhaie!... Quelque
part vers la fin du spectacle, McKenzie, sort son harmonica… Comme dans
le cas ou une femelle orignal ‘callerait’ sa moitié, toutes les
consignes de ne pas se promener durant les pièces, captation télé
pour diffusion ultérieure sur APTN (Aboriginal People Television
Network) oblige, toutes les consignes données au début, dis-je,
sautent pour le plus grand plaisir de tous, entraînant un grand cercle
de ‘makusham’, danse amérindienne rythmée à la file
indienne, tout autour de la salle. Le terme ‘makusham’ veut dire, festin
de graisse suivi de danse; banquet rituel. Les gens, surtout les femmes,
il faut bien le dire, ne se font pas prier pour entrer spontanément
dans le cercle de la danse. Quelques braves s’y glissent aussi! Le monde
embarque, ‘s’énergise’, tape dans les mains, en redemande joyeusement!!!... |
-
|
-
Guy Bélanger - Gilles
Sioui - Bob Walsh
|
Pour le rappel, Gilles Sioui revient seul à la guitare acoustique
pour interpréter Half-Finished Song, une pièce complétée
la veille à la mémoire de Bruno, son frère et mentor
de la guitare. Puis, Florent Vollant introduit une version de Mother She
Knows traduite en langue innue avec Bob Walsh au back vocals. Gilles prend
le premier couplet en anglais et Walsh, le deuxième, avec tout le
feeling qu’on lui connaît. Guy Bélanger n’est pas en reste
à l’harmonica, lui qui, incidemment, présente une version
de cette pièce avec Gilles et Carole Pépin, choriste, sur
son excellent album éponyme, paru récemment. Il s’agit vraiment,
ici, d’un témoignage senti à Rita, la mère de Gilles,
l’inspiratrice de cette chanson qui touche à l’essentiel… Qui touche
les gens!...
Le dernier rappel incluant tous les musiciens participant à cette
soirée se fait sous le convivial Knocking On Heaven’s Door de Bob
Dylan, comme de quoi le folk, le blues étant une musique de folks
à l’origine, raconte des histoires, des faits de la vie, mis en
musique et exprimées de façon originale, dans toute la gamme
et les nuances des émotions. |
L’autre grand participant à la soirée,
les gens du public et les appréciateurs de la musique de l’âme,
dont j’ai pu m’entretenir avec quelques uns, se disent comblés de
voir tout ce talent réuni aux confluents de la musique de Gilles
C. Sioui. Ces amitiés développées et entretenues au
fil des années, au hasard des routes baignées de moments
parfois périlleux, selon ce que m’a dit Florent Vollant, et, sûrement
souvent merveilleux, sont garantes de belles fêtes, de bonne musique
et de chaleur humaine… Cause… I’m a poor boy, long way from home… Merci,
Gilles Sioui & Friends pour ce spectacle convivial aux ‘affluents rassembleurs’…
Pierre Jobin
Gilles Sioui
|
Stephen Barry
|
Guy Bélanger
|
-----------------------------------
|
Retour
à la page principale
|