Webzine Le Net Blues
- Par: Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
Photos: Chloé Laëtitia Thomas

George Thorogood & The Destroyers
au Métropolis, ça vaut encore le coup!

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George Thorogood était de passage au Métropolis les 4 et 5 juin derniers, dans le cadre d’un spectacle servant à promouvoir son dernier album « The Dirty Dozen ». De toute évidence, Thorogood et ses Destroyers n’ont rien perdu de la fougue qui les allumait, il y a de cela 35 ans.
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-- Du haut de ses soixante ans, la légende vivante du blues/rock est montée sur scène et soudainement le Métropolis s’est mis à vibrer dès les premières notes de « Rock Party ».  L’ambiance que l’on retrouvait jadis dans ses spectacles s’avérait la même et la foule frôlait le délire.  C’est lorsqu’il entama « Who Do You Love » que deux écrans géants placés sur scène s’allumèrent et  l’effet visuel fut réussi.  Après s’être écriés d’un chaleureux « Montréal, merci ! », les spectateurs, eux, se sont mis à taper des mains pour accompagner « Run Myself Out Of Town ».  Si plusieurs dansaient dans la salle, Thorogood, lui, se déhanchait sur scène et l’on ne croyait plus à son statut de sexagénaire.  Après avoir servi « I Drink Alone », on eut droit au fameux classique « One Bourbon, One Scotch, One Beer », que l’on servait réellement pour la modique somme de 12 $.  Le concept est tel qu’on avait installé un bar prévu à cet effet.  Tout y était pour combler et enivrer la foule. 

Le spectacle fut entièrement parsemé de succès, dont les « Get a Haircut », « Move It On Over », « Bad To The Bone » et l’excellente pièce « Tail Dragger » que l’on retrouve sur son dernier album.  L’artiste s’amuse sur scène et lance des fleurs aux Montréalais avec des phrases telles que : « I’ll be back to Montreal till’ the day I die ! » « Thanks to the loyal Montreal support over the years ! » « God blesses Montreal ! ». Bref, on sentait Monsieur Thorogood franchement content d’être là.  La foule s’est mise à crier « Olé, olé, olé, olé, olé, olé » en digne de rappel, pour finalement voir revenir l’idole chanter « You Talk Too Much ».  Le spectacle se conclut avec une reprise de Chuck Berry, « Johnny B. Goode » et la foule s’extasia dans cette longue mais délicieuse interprétation. Thorogood a visiblement donné tout qu’il avait dans le ventre et c’est pourquoi ses admirateurs lui sont fidèles.  Quand George Thorogood et ses Destroyers sont en ville, on sait que le party est de mise.  Ce fut le cas pour deux soirées au Métropolis. 

Patricia Clavel
 


Entrevue

English version -->
C’est dans le contexte de la série Jazz à l’année du Festival International de Jazz que j’ai eu la chance d’interviewer le légendaire George Thorogood. Ce dernier effectuera un retour à Montréal les 4 et 5 juin prochains afin de promouvoir son dernier album « The Dirty Dozen », sorti en juillet 2009. Le groupe de George Thorogood & The Destroyers que l’on connaît pour ses nombreux succès, dont entre autres « One Bourbon, One Scotch, One Beer » et « Bad to the Bone » foulera les planches du Métropolis, dans le cadre d’un spectacle s’avérant des plus prometteur et dans lequel le blues/rock sera honoré. Lors d’un entretien téléphonique, j’ai pu échanger avec cet artiste sympathique. Je vous invite à lire cette entrevue. 
 
Patricia Clavel :Bonjour George. Je vous remercie de m’accorder cette entrevue.
George Thorogood : Bonjour Patricia.

Vous êtes à Windsor, Ontario en ce moment. Comment votre tournée  canadienne se déroule-t-elle jusqu’à présent ?
Fantastique ! Sold out, sold out partout !

Bien je ne suis pas surprise. Je sais que vous êtes en tournée afin de promouvoir votre dernier album «The Dirty Dozen», mais vous avez aussi dit lors d’une entrevue que vous faisiez la promotion de tous vos albums en même temps. À quoi peut-on s’attendre exactement dans votre spectacle en terme de musique ? 
Tout ce que vous avez mentionné. Vous êtes en avance sur moi ! (Rires)

«Dirty Dozen » a été numéro 1 sur le Billboard Blues Chart.
Oui, numéro 1. J’ai toujours été numéro 1. Il n’y a pas de doute dans ma tête  qu’il soit numéro 1. (Rires)

J’imagine donc que vous devez être satisfait de la réception du public  n’est-ce pas ?  Ah non, j’espérais être numéro 3. (Rires). Sérieusement, c’est super d’être  numéro 1 et il faut l’apprécier pendant que ça arrive.

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Photo: Site web

Eh bien, c’est un bon album.  Merci !

Comment décririez-vous l’album aux gens qui ne l’ont pas encore  entendu ?
Je crois que c’est plutôt indescriptible Patricia.

Pourquoi dites-vous cela ?
Bien, ce n’est pas mon travail de le décrire, c’est juste mon travail de le  jouer. Je vais garder ça aux autres. Comment le décririez-vous ?

Je crois que c’est plutôt «dirty». (Rires)
C’est le mot que j’allais moi-même utiliser ! Dirty. C’est nous, « The Dirty  Dozen », très bien. (Rires)

Je sais que vous avez été inspiré par John Lee Hooker, John  Hammond… mais j’aimerais savoir si c’est encore possible pour  quelqu’un comme vous qui joue de la musique depuis 35 ans, d’être encore  inspiré ou influencé par d’autres artistes ?
Ah oui, absolument. Ce qui nous a inspirés ou influencés lorsque nous avons  été un jeune adolescent… Ces inspirations ou ces sentiments ne font que  s’approfondir avec le temps qui passe. Hum, la passion ne fait que  s’amplifier. Vous savez, c’est comme tomber en amour, ce n’est pas quelque  chose qui s’en va. Ça ne fait que se construire davantage avec le temps. Je  suis toujours aussi passionné de John Lee Hooker et Bo Diddley qu’avant.  Même plus encore.

-- Allez-vous encore voir des bluesmen en spectacle ?
Bien il ne reste que deux bluesmen : B.B. King et Buddy Guy. Je n’ai plus  vraiment le temps et l’énergie comme avant d’aller voir tous ces spectacles.  Je n’ai simplement plus le temps et maintenant nous devenons plus vieux. 

Je comprends. Est-ce qu’il y a un artiste avec qui vous rêveriez de jouer, ou un fantasme musical que vous aimeriez concrétiser sur scène ?
Bien sûr.  Hum, tu sais le gars qui joue de la guitare avec la gauche et sa guitare ressemble à un violon ? Sir Paul McCartney.

Qu’auriez-vous à dire aux jeunes artistes qui tentent d’être reconnus en  jouant du blues au sein de l’industrie musicale ?
Je leur dirais d’y penser longtemps et très fort parce qu’une fois qu’on y est,  on ne peut plus en sortir. Comme John Lee Hooker a dit : ''Je ne sortirai jamais de ces blues, vivant!''

Vous venez souvent à Montréal; j’ai vu votre spectacle trois fois et les salles étaient toujours combles.  Est-ce qu’on peut dire que vous avez une relation particulière avec vos fans montréalais ?
Oh mon dieu, oui ! Nous sommes venus ici en 1978 et je croyais que je  n’allais jamais sortir de cette ville ! Si je pouvais choisir un pays qui livre la  marchandise plus que les autres grâce aux admirateurs passionnés des  «Destroyers», c’est le Canada et le meilleur endroit serait définitivement  Montréal. Sans aucun doute.

Connaissez-vous des artistes montréalais ?
Je ne sais pas. Je n’ai jamais resté là assez longtemps pour rencontrer des artistes montréalais.

Mais est-ce qu’il y a des endroits au Québec où vous aimez aller ?  Connaissez-vous le Bistro à Jojo par exemple ?
Attends une seconde, je vais l’écrire. Quel est le nom encore ?

C’est le Bistro à Jojo. Il s’agit d’un bar blues où il y a des spectacles tous les soirs.
Tous les soirs il y a un spectacle de blues ?

Oui.
Nous sommes allés au Spectrum où nous avons entendu le Buena Vista Social Club. C’est un groupe qui a été découvert par Ry Cooder à Cuba. On est allés au Spectrum prendre un café et ça adonnait que ce groupe jouait. 

Malheureusement, le Spectrum n’existe plus aujourd’hui.
Je sais, on n’aime pas parler de ça. C’était notre place !

-- Mais bon, si jamais vous avez le temps de venir sur la rue St-Denis....
Nous irons ! C’est sur quelle rue ?

St-Denis.
La place à Jojo hein ? Nous allons la trouver, c’est super ! En Amérique c’est  la place à Joe (Joe’s place) et ici c’est Jojo. (Rires)

Vous serez au Métropolis les 4 et 5 juin et la première partie sera jouée  par le groupe The Spades. Pouvez-vous nous parler un peu d’eux ?
Non, je ne les connais pas. C’est un nouveau groupe pour moi.

D’accord, juste avant de terminer cette entrevue, j’aimerais savoir quels sont vos plans pour l’été ou pour le futur.
Mes plans pour l’été et le futur sont de rester dans le groupe et me tenir en dehors des hôpitaux. Je veux rester en santé.  Mes plans sont les mêmes  que tous les autres travailleurs Patricia. Continuez de travailler et demeurer en santé.

Parfait, eh bien je vous remercie beaucoup de cet entretien et je tiens à  dire que j’apprécie votre musique.
Merci Patricia.

Je vous souhaite tout le meilleur du monde ainsi qu’à vos «Destroyers».
Merci, au revoir (en français).

Patricia Clavel

George Thorogood & The Destroyers
Métropolis - Vendredi, le 4 juin à 19h - Samedi, le 5 juin à 19h 
 
 


Version Anglaise

Patricia:  Hi George. I’m Patricia and I work for a French blues website  called  Le Net Blues. I thank you very much for giving me this interview.

George Thorogood: Hi Patricia.

P:  I think you are in Windsor, Ontario right now. How’s your tour in  Canada doing so far?

G:  Fantastic! Sold out... sold out everywhere!

P: Well I’m not surprised. I know you went on tour to promote your last  album «The Dirty Dozen», but you also said in an interview that you  were promoting all of your albums. So what can we expect from your  show in terms of music?
G:  All of the above. Everything you mentioned, you are way ahead of me!  (Laughs)

P:  «Dirty Dozen» has been number 1 spot on the billboard blues chart. 
G: Yeah, number 1… always been number 1. No doubt in my mind that its number 1.  (Laughs)

P:  So I guess you must be satisfied with the way people have responded  to your album, right?
G:  Ho no, I wish I was in number 3 (laughs).  Seriously, it’s great to be number 1  and you gotta enjoy it while it's happening. 

P:  Well it’s a great album.
G:  Thank you!

P:  How would you describe it to the people who didn’t hear it yet?
G:  I think it’s indescribable Patricia. 

P:  Why do you say that?
G:  Well it’s not my job to describe it; it’s just my job to play it. I’ll leave that to  you people, how would you describe it?

P: I think it’s pretty dirty. (Laughs)
G:  That’s the word I was gonna use! Dirty. That’s us, the Dirty Dozen, very good. (Laughs)

P: I know you’ve been inspired by John Lee Hooker, John Hammond... but  I’d like to know if it’s still possible for someone like you who has been  playing music for 35 years to still be inspired or influenced by other  artists?
G:  Oh yeah, absolutely. Hum, the things that you were inspired by or  influence  by when you are a teenager or… it’s just those inspirations, feelings just get  deeper as time goes on. Hum, your passion just keeps growing. You know  it’s like falling in love with somebody; it’s not something that goes away. It  just builds more and more as time goes on. I’m just as passionate about  John Lee Hooker and Bo Diddley now that I ever was. Maybe even more so. 

P: Do you still go see bluesman live?
G: Well there are only two bluesmen left: B.B King and Buddy Guy. I don’t really  have the time and energy like I once did to go check all those things out. I  just don’t have the time especially now since we are getting older. 

P:  I understand. Is there an artist that you would dream to play with or a  musical fantasy for a once and a lifetime show?
G:  Sure. Hum, you know that guy who plays guitar left handed and his guitar  looks like a violin? Sir Paul McCartney.

P:  What would you have to say to these young artists that are trying to be  successful by playing blues in the music business? 
G:  I tell them to think long and hard about it, because once you get into it, you  can’t get out. Like John Lee Hooker said: ''I’ll never get out of these blues  alive!''

P:  You come often in Montreal; I saw your show three times and it was  always sold out, so do you have a special relationship with your  Montreal fans?
G: Oh god yes! We came here in 1978 and I though I was never gonna get out  the town! If I could pick a country that pretty much leads the package for  passionate Destroyers' fans, it’s Canada and the hot spot for the Destroyers  fans is definitely Montreal. No doubt about it.

P: Do you know any artist from Montreal?
G:  I don’t know. I have never been there long enough to run into Montrealer artists. 

P:  But are there any places where you like to hang out? Have you ever  been to the Bistro à Jojo?
G: Hold on a second, I’ll write that down. What’s the name again?

P:  It’s called the Bistro à Jojo. It’s a blues bar where there’s a show every  night. 
G:  Every night there’s a blues show?

P:  Yes
G:  We went to the Spectrum where we heard the Buena Vista Social Club. It  was discover by Ry Cooder in Cuba. We went to the Spectrum to grab a cup  of coffee and they just happened to be there.

P:  Sadly, the Spectrum doesn’t exist anymore.
G:  I know, we don’t like to talk about that. That was our place! 

P: Well anyways, if you ever have the time to come on St-Denis Street…
G:  We are gonna go! What street is it?

P:  St-Denis.
G: Jojo’s place eh? We’ll find it, that’s great! In America it’s Joe’s place and  here it’s Jojo’s. (Laughs)

P:  You’ll be at the Metropolis on the 4th and 5th of June, and the first part  is played by a group called «The Spades», do you know anything  about them?
G:  No, I’m not aware of them, they are new comers to me.

P:  Ok, just before ending this interview, I would like to know what are your  plans for the summer or the future?
G:  My plans for the summer and the future are to stay on the bandstand and  stay out of hospitals. I wanna stay healthy. My plans are the same as any  other workers Patricia. Keep working and stay healthy.

P:  All right, well I thank you very much, and I just wanna say that I’m big  fan of your music.
G:  Thank you Patricia.

P:  I wish all the best to you and your destroyers.
G:  Merci, au revoir.

Patricia Clavel
 
 

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