Webzine Le Net Blues
-- Par: Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
Photos: Johanne Kirouac - Louise Gosselin
Vidéos: Réjean Nadon

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Plume Latraverse
LE BLUES DU PARC AHUNTSIC
Jeudi le 18 août 2005, je me rends en direction du parc Ahuntsic, à l’occasion du Festiblues International de Montréal. Un festival ayant pris naissance en 1998 au parc Raimbault à Cartierville et qui d’année en année se perfectionne et prend toujours plus d’ampleur afin de livrer un évènement de qualité, permettant aux Montréalais et aux gens d’ailleurs d’assister à une multitude de spectacles blues. Celui-ci regroupe des artistes de la scène blues québécoise, nationale, internationale et sans oublier de la relève, puisque le fameux concours ‘Relève en Blues’ subsiste et permet chaque année de voir sur scène 3 groupes ou artistes blues finalistes qui se mériteront chacun un prix, lors de la dernière journée clôturant le Festiblues.

C’est la fin de l’été et je vous avoue que j’ai envie d’assister à ce festival avant que le beau temps et sa chaleur nous quittent. La programmation étant alléchante puisqu’elle suggère des noms connus tels que Steve Rowe, Jim Zeller, Carl Tremblay, Bob Harrisson, Pat The White, Les Grandes Dames du Blues sous la direction musicale de Paul Deslauriers, J.J. Milteau et l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, Plume, puis tant d’autres.... beaucoup même. À un point tel que ma 

problématique majeure aura été de m’entêter à courir 2 spectacles à la fois, donc tiraillée entre la Maison de la culture, rue Lajeunesse, ainsi que les 3 scènes du Parc Ahuntsic. Je ne voulais décidément rien manquer. Malheureusement, la ‘’super woman ‘’ en moi aura bien voulu faire de son mieux pour tout voir et tout entendre, mais l’abondance des spectacles offerts n’aura pu me le permettre et je dus malgré moi faire quelques sacrifices concernant mes choix.
 
 

Spectacle Exception Blues

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Breen Leboeuf
Le groupe accompagnateur Yelo Melo
Martin Deschamps

C’est donc du 18 au 21 août 2005 que j’aurai ainsi qu’avec des milliers de spectateurs l’occasion d’assister à 4 jours de bon blues en plein air ou en salle. Des festivités jeunesses ont lieu pour les plus jeunes et la tradition du concept ‘’Exception Blues’’ se tient toujours. Cette année, Martin Deschamps, Breen Leboeuf et Yelo Molo grimperont sur la grande scène Hydro-Québec.

J’arrive donc sur le site en cette première belle journée remplie de soleil, un soleil qui aura tellement brillé de tous ses rayons, qu’il en prendra congé les 3 jours suivants. La majorité du Festival se sera déroulée sous un ciel pleureur. Il faut dire que le blues est synonyme de mélancolie... C’est une façon de voir les choses.
 

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Rosy
C’est le Rosy Blues Band, finaliste du concours ‘Relève en Blues’ qui a brisé la glace du festival. Précisons qu’à la même heure de chaque jour, deux autres finalistes s’exécuteront.

Le Rosy Blues Band a capté mon attention dès le début. Que ce soit pour le talent des musiciens, dont celui du guitariste Carl Dutremble ou encore pour la voix imposante de la jolie Rosy dont le timbre est idéal pour chanter du blues. 

Celle-ci a débuté avec une interprétation de ‘’Good Times’’ et a poursuivi avec, ‘’Crossroad’’, ‘’Jumpin Jack Flash’’ ainsi que quelques autres chansons. 

 Le quatuor a su offrir une prestation de qualité lors de ce concours, dont le nom des gagnants sera dévoilé lors de la dernière journée et déterminé par un jury que le Festiblues a sélectionné. Non seulement la finale conclura-t-elle l’unique expérience de ces artistes mais elle sera également, souhaitons-le, suivie de plusieurs autres. 

 Il est important d’encourager la relève. Cela nous permet de préserver le blues, de le voir évoluer parmi d’autres générations qui pourront le mettre en valeur et s’assurer d’en rendre les racines mémorables. 

Carl Dutremble
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Carl Tremblay
Quarante-cinq minutes plus tard, Carl Tremblay, accompagné de Jimmy James à la guitare, débutait son spectacle sur la grande scène au grand bonheur d’une foule à l’allure sereine. L’harmoniciste et chanteur nous a livré un ‘’Suzie Q’’ énergique et s’est même faufilé au coeur des spectateurs tout en saluant les fans et en étant simplement le gars sympathique qu’il est, ainsi que l’artiste talentueux.

 Suivront également, ‘’Dock of the Bay’’, ‘’Houng Dog’’ et d’autres chansons du répertoire de Tremblay, sans négliger la mention des jeux de guitare de Jimmy James qui, chaque fois, parviennent à m’hypnotiser et m’en faire tomber la mâchoire. 

 Un jeune couple très amoureux a sauté la clôture devant la scène pour le simple trip de danser l’autre côté. Je les ai trouvés beaux dans leur douce rébellion. Carl Tremblay a accroché bien des sourires ce jour-là et le duo n’aura point été privé d’applaudissements. 

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Jimmy James

 
 
Spoonfull (France)
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Un aspect que j’aime bien dans les festivals est de découvrir différents artistes qui viennent d’ailleurs. J’aime voir leur façon d’interpréter le blues, comment ils le ressentent et l’évacuent en s’exprimant au travers la musique. Il ne s’agit pas nécessairement de différence majeure chez les artistes d’une province ou d’un pays à l’autre, mais j’imagine que c’est normal qu’il y en ait. Nous sommes après tout ne serait-ce qu’un tout petit peu le reflet de notre société ou de notre environnement. 

 Chose certaine, les groupes GoGo Blues (Danemark), Spoonful (France), Bob Lamothe Blues Band (États-Unis) et The Chuck Lambert Band (États-Unis) m’ont livré cette sensation et je les ai tous appréciés sincèrement.

Mon coup de coeur s’arrête toutefois sur The Chuck Lambert Band qui s’est manifesté le troisième soir. Vraiment ceux-ci m’ont impressionnée et ce groupe demeure bien ancré au fond de ma mémoire.

J’ai ressenti une intense complicité parmi les musiciens et un plaisir flagrant d’y être. C’est sans doute ce qui a créé cette boule d’énergie qui roulait dans la foule. Une foule particulièrement nombreuse et en accord pour faire la fête. Une de celles qui fait le plus grand bien aux artistes sur scène. En fait j’imagine, puisqu’elle participe, se fiche de la pluie et se laisse envelopper par la musique, regroupant des gens de tous âges sur lesquels s’affichent une bonne humeur qui fait drôlement du bien et cela pour tout le monde.
 

 Le chanteur, vêtu de blanc contrastant avec sa peau, un chapeau sur la tête et de grosses lunettes ne dégage que de la sympathie. De plus, il possède une voix profonde qui le rend impressionnant à mes yeux. Son image, sa musique et sa voix me rappellent l’idée que j’avais d’un bluesman, typique d’un film probablement.

Ils sont cinq regroupant un harmoniciste, un bassiste, un drummer et un guitariste. J’ai eu un faible pour Vinnie Puryer, le bassiste aux gigantesques doigts qui a su me faire écouter son instrument à merveille. Parmi le répertoire, on a pu entendre ‘’Mojo Working’’ ainsi que bien d’autres.

Bob Lamothe ( É-U )
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Chuck Lambert Band ( É-U )
Le groupe se sera permis, dit-il, de jouer du Muddy Water à leur façon. 

L’harmoniciste est descendu de la scène pour retrouver les spectateurs. Le guitariste a joué un super solo et on aurait voulu que ça continue. Vers la fin, on entend Chuck Lambert dire ceci: No mater what.... someday you’re gonna have the blues! Et la superbe foule en redemande, un rappel s’exige. Le groupe des États-Unis, visiblement consentant à l’idée du temps supplémentaire, n’aura pu dépasser l’heure imposée bien bien longtemps, règlement oblige et bien malgré eux. 

 J’ai pris la peine d’aller les rencontrer après le spectacle, question de les saluer et de les féliciter. Ils sont tous aimables et ont bien aimé leur expérience à Montréal. Si jamais ils reviennent dans le coin, je vous le dis, ça vaut la peine d’aller les voir.


 
 
Pat The White
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Blues Berry Jam
Toutefois, la scène blues québécoise comprend aussi des artistes qui me sont méconnus musicalement et qu’encore aujourd’hui je ne cesse de découvrir en essayant d’assister à autant de spectacles possibles. Le Festiblues aura été pour moi une occasion d’entendre pour la première fois: The Blues Berry Jam, Pat The White, Bottleneck, Sue Foley et Ricky Paquette & The Soul Benders.
Denis Viel
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Ce dernier, âgé de 14 ans, mais étonnamment mature, (c’est évident en le regardant aller) a fait un très bon spectacle et en a sûrement ébahi plus d’un à cause de son talent et son potentiel le mènera sans doute loin surtout s’il continue d’aller à ce rythme. Son répertoire comporte les Hendrix, Stevie Ray Vaughan, etc. Sachez que son premier album est disponible en magasin: ‘’Early for the show‘’, sur lequel on y retrouve même ses compositions. Je l’ai d’ailleurs acheté et suis très satisfaite de ce disque. Bravo à Ricky Paquette!!!

Pour en revenir aux finalistes du concours de la Relève, la deuxième journée était celle de Denis Viel en solo. J’ai vu un jeune homme s’installer pour débuter sa performance. Il me semblait gêné et tout petit sur la scène. Il faut tout de même de l’assurance pour ainsi chanter ses compositions, guitare à la main, en solo et dans le cadre d’un concours qui rend encore plus nerveux. 

Ricky Paquette
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Un respect pour cet artiste s’est automatiquement imposé dans mon cas. Sa voix douce et délicate, ses textes intéressants ainsi que la fragilité de l’artiste auront formé un tout fort intéressant. Viel semble rarement semer de l’indifférence chez les gens. C’est comme ça, difficile de ne pas aimer ce qu’il fait, je crois.
 
Malted Milk - Gagnant du concours de la relève 2005

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Pappy Johns Band ( Première Nation Ontario)
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Malted Milk, étant le dernier groupe participant du concours, tentait sa chance le samedi suivant. N’ayant rien pour faciliter la tâche du jury, puisque la chanteuse, Anne-Marie Pilon, a toute une voix! Sans compter son énergie débordante lui permettant une présence scénique remarquable ainsi qu’une aisance dont il est très avantageux de posséder pour un chanteur ou une chanteuse. C’était nécessairement un atout, car Malted Milk a remporté la première place de ce concours, dans lequel, il faut l’admettre, la compétition fut de mise.

 Le spectacle, qui aura fait jaser de lui plus que tout, est celui de notre légendaire Plume Latraverse. Des milliers de personnes ont profité de l’occasion pour venir entendre celui qui se fait plutôt rare ces dernières années. Ayant promis de creuser dans son répertoire blues autant que possible, la performance de Plume a emballé beaucoup de monde. Ainsi que les médias, puisque le lendemain matin, le Journal de Montréal publiait en première page une photo assez loufoque de l’artiste, durant une interprétation de son spectacle de la veille.

Jim Zeller Band
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Spectacle Les Grandes Dames du Blues

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Dawn Tyler Watson
Paul Deslauriers - Kim Richardson
Sue Foley
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Mélanie Renaud
Évidemment que je n’allais pas rater les Grandes Dames du Blues! Le concept de Brian Slack, avec lequel le Festiblues collabore, voulait des interprètes offrant ‘’leur vision du blues au féminin’’. Cela, sous la direction musicale de Paul Deslauriers. On nous a offert la crème de la féminité blues. C’est-à-dire: Dawn Tyler Watson, toujours aussi ravissante, talentueuse et bête de scène, ainsi que Kim Richardson dont il est inutile de mentionner la quantité de frissons que la chanteuse m’a émise. J’ai eu la chance aussi d’entendre Sue Foley, originaire de l’Ontario, qui franchement est une épatante guitariste que l’on qualifie être populaire dans le Canada anglais. Mais ce n’est pas tout, deux autres dames seront aussi de la partie. La chanteuse Mélanie Renaud qui elle, dans son cas, explore le rythm'n blues qu’elle a dans le sang. Elle s’est contentée de chansons davantage popularisées mais qui ne changeaient absolument rien à la beauté de ses interprétations. 
Nancy Desmarais
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-- De plus, on sent immédiatement l’amour du blues chez Mélanie Renaud. Elle danse bien et ses yeux, de loin ou de proche, nous indiquent combien elle est passionnée. 

Nancy Desmarais, chanteuse du Blues Berry Jam, a aussi hérité d’un titre de Grandes Dames du Blues. Chaque fois que j’ai pu entendre cette chanteuse, j’ai sans cesse eu l’impression qu’elle se donnait à fond, qu’elle avait réellement le blues dans le sang et qu’elle pouvait aller loin. J’ai envie de dire que la voix de cette chanteuse me fascine et me séduit l’oreille. Oui!, Pouvoir décider de mes cordes vocales, je choisirais les siennes! Aux côtés de Paul Deslauriers, un guitariste qui ne déçoit jamais grâce à son professionnalisme et ses compétences artistiques, tous deux ont fait d’excellentes performances et se sont éclatés de plaisir, ça paraissait!!!


 

Jean Jacques Milteau
Et l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal

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Jean-Jacques Milteau
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Je ne peux ignorer le tout dernier spectacle de cette édition. Celui-ci était attendu par plusieurs et se révélait prometteur puisqu’il présentait un concept jamais vu, consistant à réunir Jean-Jacques Milteau, un harmoniciste français de réputation internationale, son guitariste Manu Galvin, tous deux accompagnés de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Ce devait être sous la direction de Yannick Nézet-Séguin mais ce dernier a dû se faire remplacer à la dernière minute par M. Alain Trudel qui s'acquita de sa tâche avec brio.

 Peut-être que l’attente des gens n’a pu entièrement être comblée ce soir-là. Soit par la faute d’une pluie trop fidèle et persistante ou encore de quelques problèmes techniques sonores. Peu importe, le concept s’est avéré intéressant et j’ai su apprécier la visite et le talent de l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau.

Sachez que certains des bars environnant le quartier Ahuntsic, participent à leur façon en présentant en fin de soirée des spectacles de blues live. Je n’ai pas pu en profiter à mon plein gré, mais j’aurai du moins fait un saut au Bienvenue Bar Salon, là où Riot and his Rythm Devils ont livré leurs compositions des plus entraînantes telles que ‘’Goin’ out Drinking’’ et cela devant un bar plein à craquer. Riot sous un éclairage rouge vif justifiant le nom du groupe a beaucoup donné, sautant et dansant, comme le veut un rituel de gros party. 

Pénélope McQuade
Porte-parole du Festiblues

 
Bien sûr que je pourrais prendre plusieurs pages à décrire le Festiblues et les nombreux artistes de sa huitième programmation. Mais me liriez-vous jusqu‘au bout? Non mais sans blague, une telle longueur serait quasi ridicule. Sachez, en toute franchise, que j’ai apprécié chaque journée du festival au parc Ahuntsic. Ce parc métamorphosé en un joli site festivalier propre et accueillant. Le grand nombre de bénévoles s’impliquant pour l’occasion ainsi que ses braves organisateurs ont franchement fait preuve de serviabilité, de coopération et d’amabilité. Tout ce monde, caché derrière la concrétisation de ce festival, mérite une fière chandelle.

 Je vous lance donc l’invitation pour la neuvième édition du Festiblues de Montréal 2006, qui se déroulera vers la fin de l’été. Un site internet est à votre disposition pour de plus amples renseignements: www.festiblues.com. 

Dans mon cas je lève la main, je serai présente. Souhaitons simplement que cette fois-ci le soleil penchera de notre côté!!!

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Carl Tremblay - Jim Zeller

Bon Festiblues 2006!!!

Patricia Clavel

Autre photos

Jim Zeller - Carl Tremblay

Orchestre Métropolitain du Grand Montréal

Justine Therrien - Martin Deschamps

 
Exception Blues
         Blues Berry Jam

 

Chuck Lambert

Paul Deslauriers

Jim Zeller

 

Bernard '' Bingo'' Deslauriers

Jean-Sébastien Chouinard

Jean-Bertrand Carbou

 

Sam Harrisson

Marc Deschênes

Sue Foley

 

Jean Millaire

Bob Harrisson

Valérie Cormier


Ricky Paquette