Webzine Le Net Blues
-- Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
Festival International de Jazz de Montréal
Un budget de 31 millions comblé par une 31e édition spectaculaire !
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La 31e édition du Festival International de Jazz de Montréal s’est avéré des plus fructueuses avec ses quelques 800 représentations, étalées sur une période de douze jours.  Bénéficiant d’un budget de 31 millions grâce à l’appui financier du privé et des gouvernements, les organisateurs avaient prévu une impressionnante programmation. Les profits récoltés s’élèvent à 4,25 millions de dollars, et ce, uniquement avec la vente de billets pour les spectacles en salle.  Des millions de visiteurs ont assisté à ce plus grand festival de jazz au monde présenté dans le nouveau quartier des spectacles.

"We’re Gonna Rock This Town" :  le grand événement d’ouverture
Les organisateurs avaient misé juste en demandant au Brian Setzer Orchestra de briser la glace.  Le spectacle s’intitulait judicieusement "We’re Gonna Rock This Town" et ce fut le cas.  Comme moi, des dizaines de milliers d’internautes ont assisté virtuellement à ce spectacle d’ouverture, diffusé en direct sur le www.tdlivemusic.com, un site de la Banque TD, principal commanditaire du festival.  D’ailleurs, il est encore possible à l’heure actuelle de visionner gratuitement le spectacle de deux heures.  Ça vaut le coup ! 

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Brian Setzer
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Cindy Lauper
C’est une véritable marée humaine qui déferlait à l’angle des rues Sainte-Catherine et Jeanne-Mance.  Les spectateurs se sont délectés des succès de Setzer, en formule big band avec dix-huit musiciens, dont treize cuivres, mais aussi en trio.  Ce qui nous permis de constater la virtuosité du batteur et du contrebassiste, qui ma foi, était assez intense.  Avec les "Rock This Town", "Brand New Cadillac", "Runaway Boys", "Summertime Blues", "Stray Cat Strut", le boogie, le swing et le jive… tout y était pour offrir le meilleur du rockabilly.  Même en le regardant sur Internet, il n’est pas difficile d’imaginer l’ambiance et le sentiment d’euphorie qui régnait sur Montréal ce soir-là

Le blues au FIJM
Cette année, le blues était plus présent que jamais au FIJM.  Notamment grâce au lancement de l’album "Nos stars chantent le blues à Montréal", réalisé par Paul Deslauriers et dont les profits allaient directement au financement du Camp de Blues. 

 « Nous avons voulu par ce disque, à l'instar de celui qui célébrait le jazz à Montréal l'an dernier, créer une rencontre entre plusieurs stars québécoises et le blues.  Il y a ceux qui causent la surprise, ceux qui s'y glissent tout naturellement ainsi que ceux qui, en français, ont donné à notre culture ses plus beaux moments blues sur disque » affirme le vice-président et directeur artistique, André Ménard, et Jacques-André Dupont, vice-président associé, marketing et développement des affaires chez Spectra.

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Taj Mahal

Taj Mahal
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Fabulous Thunderbirds
Si l’on prend le temps d’éplucher la programmation, on constate la tendance du blues à se propager sur les scènes du FIJM.  Notamment avec le spectacle de Cindy Lauper au Métropolis.  La chanteuse est venue présenter son 11e album en studio, "Memphis Blues" et sur lequel collaborent des bluesmen tels que BB King, Allen Toussaint, Charlie Musselwhite et Johnny Lang.  Faute de n’avoir pu assister au spectacle de cette idole des années 80, je ne suis toutefois pas passée à côté du programme double offert par The Fabulous Thunderbirds et Taj Mahal.  J’admets ma déception devant le groupe d’Austin, due entre autres à l’absence du batteur, remplacé la journée même à la dernière minute et au son qui ne mettait pas en valeur les talents de ce bon groupe blues/rock.  Je fais toutefois une mention spéciale à Kim Wilson, leader de la formation depuis trente ans, qui sait toujours bien manier son harmonica et chanter avec ses tripes.

La partie de Taj Mahal fut toute autre.  Le son de la guitare du bluesman a ravi les nombreux spectateurs du Métropolis émoustillés par le bon blues qu’il nous livrait.  En jouant un blues traditionnel, "I Know You Rider", Taj Mahal s’est exclamé :  « Tout le monde chante ! » et la foule a participé sans hésitations.  On en aurait bien écouté davantage du spectacle de Taj Mahal. 

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Les pros du Camp de Blues

Vincent Beaulne (Directeur artistique) - Laurent Trudel
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Le pub Heineken, situé à l’angle des rues Sainte-Catherine et Clark présentait également des spectacles plus intimistes, entre autres avec Shane Murphy, Rick L. Blues et Slim Wood, qui ont tous mérité des nominations lors du dernier Gala Lys Blues.  D’autres ont pu apprécier les talents d’Harry Manx au théâtre Maisonneuve, celui de Bobby Bazini au Club Soda ou encore assister gratuitement au show des pros du Camp de Blues, ainsi que de leurs finissants. 

 Bref, la popularité du blues au FIJM coule de source et c’est ce que nous confirment André Ménard et Jacques-André Dupont :  « Les Québécois aiment le blues, allez savoir pourquoi ?  Il y a dans cette musique de l'âme et du coeur, cette musique qui n'invite pas au compromis, un ingrédient inavouable qui semble faire mouche sur notre inconscient collectif.  Serait-ce que le blues ne se défausse pas devant le message de vérité qu'il s'oblige à porter, du plus intime au social ?  Toujours est-il que notre territoire national a vu se multiplier les événements consacrés à cette musique à laquelle plusieurs adhèrent sans pour autant connaître ceux qui la jouent.  Pour preuve, de soir en soir au Festival depuis des décennies, la popularité de la scène consacrée au blues ne se dément pas.  Les vétérans du genre et les inconnus ici qui y sont programmés attirent les foules.  Ça tient du phénomène.» 
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Bobby Bazini
La scène blues Loto Québec
 

Coco Montoya

Ana Popovic

Jo Hell
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Jo Hell & The Red Roosters
Plusieurs bons spectacles se sont déroulés sur la scène Loto-Québec (vingt-deux formations différentes inscrites à la programmation), proprement dus entre autres à Blues Delight, Pat The White, Jimmy Bowskill, Coco Montoya ou la talentueuse Hollandaise, Ana Popovic.  Quant à moi, j’ai été complètement séduite par le retour de Jo Hell & the Red Roosters qui n’avait foulé les planches du festival depuis 2005.  Établi au Texas depuis quelques années, le trio composé de Jo Hell à la voix et guitare, Steve Hupée à la batterie et Kody Pruitt à la basse, a offert toute une performance devant de nombreux festivaliers et parmi lesquels étaient visiblement présents, famille, fans et amis.  Le répertoire qui comprenait reprises et compositions a permis aux spectateurs d’apprécier le talent et la fougue de Jo Hell, toujours généreux envers son public.  Il faut dire que le Québécois de souche était content d’être de retour, ce qu’il prit peine d’affirmer lui-même.  Un vent de nostalgie était inévitable, me rappelant combien Jo Hell maîtrise son instrument, en plus de sa présence scénique débridée et d’un look à la Jimi Hendrix.

Angel Forrest est aussi montée sur scène avec ses musiciens pour présenter les pièces de son dernier album, "Come Alive".  À en juger la foule, celle-ci fut rapidement conquise par les nouvelles compositions d’Angel qui, encore une fois, a pris possession de la scène avec l’authenticité qu’on lui connait.  On ressentait de sa part un mélange de bonheur et de fierté que de présenter au public québécois son nouveau matériel dont les critiques, certes, se révèlent élogieuses.

The Moody Blues à la Place des Arts

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Moody Blues
Loin d’avoir tout vu et à défaut d’avoir raté Steve Miller et The Doobie Brothers, mon plus grand coup de coeur du festival s’arrête sur le spectacle de The Moody Blues, présenté à la salle Wilfrid-Pelletier.  Non pas parce que la climatisation était dans le tapis et qu’elle permettait ainsi un répit de la canicule, mais bien parce que le spectacle était à la hauteur de tout ce que je pouvais espérer.  La preuve, les spectateurs se levaient systématiquement pour une ovation après presque chaque chanson.  J’ai d’ailleurs été impressionnée par le public montréalais, franchement généreux.  Le groupe des années 60 a puisé dans son répertoire, ses plus grands succès dont "I’m Just a Singer (In A Rock’n’roll Band)", "Ride My See-Saw", "Tuesday Afternoon", "Peak Hour", "Nights in White Satin" et bien d’autres.  On défilait sur l’écran géant des photos de la formation ou de vieux vidéoclips, au rythme d’un éclairage psychédélique, digne des années 60 et 70. 
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Le guitariste et principal chanteur, Justin Hayword, le bassiste et aussi chanteur, John Lodge, ainsi que le batteur Graeme Edge ont visité toutes les époques de leur carrière, dans un spectacle de 90 minutes.  Du haut de la soixantaine, les trois membres originaux, qui avaient participé à la dernière tournée britannique des Beatles, ont prouvé qu’ils étaient encore capables.  Quoiqu’accompagné par d’autres musiciens, le batteur des Moodies s’explique :  « C’est plus facile à reproduire maintenant, on est moins seuls avec nos machines, la technologie est mieux contrôlée.  Et on a deux musiciens et deux musiciennes pour faire ce qu’on ne peut pas faire nous-mêmes.»

On peut dire que les spectateurs de la salle Wilfrid-Pelletier en ont eu pour leur argent et que l’on ne pouvait espérer une meilleure façon de clôturer le festival.  De plus, j’avais raison de sourire lors de mon retour en métro, tandis que je suffoquais dans un wagon d’une chaleur extrême, bondé de festivaliers.  J’étais encore sur un nuage par la faute des Moody Blues. 

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Justin Hayword - John Lodge
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Maison du Festival RioTintoAlcan
305 Sainte-Catherine Ouest
Montréal
La nouvelle Médiathèque Jazz/La Presse

Les amateurs de musique de tout genre y ont trouvé leur compte lors de cette 31e édition, colorée et ensoleillée.  On voudrait tout voir et ne rien manquer, mais c’est impossible.  On peut tenter de se rassasier en allant sur le site MontrealJazzFest.TV, où l’on diffuse plus de cent cinquante clips des concerts présentés en 2010 ainsi que des entrevues d’artistes, des répétitions devant les médias, des entrevues d’archives, des conférences de presse, tous tirés de la nouvelle Médiathèque Jazz/La Presse. 

Le nouveau centre de documentation-cinémathèque fut inauguré le 22 juin dernier et est accessible gratuitement au public.  Un millier de visiteurs y sont allés jusqu’à présent afin d’y visionner des entrevues ou concerts ou encore pour feuilleter des livres.

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--- Je vous invite à regarder les photos prises par mon collègue Marcel Dubois ainsi que par les photographes attitrés au FIJM.  Le festival qui se terminait un mardi fit hommage à la Nouvelle-Orléans en célébrant le Mardi gras, dans le cadre d’un spectacle de clôture offert par Allen Toussaint et ses musiciens.  Celui-ci était précédé d’une parade exceptionnelle mettant en vedette Zachary Richard, cinq cents participants et des chars allégoriques venus tout droit de la Louisiane.  Jetez donc un coup d’oeil à ses clichés !

Bonne continuation de festivals !

Patricia Clavel
 
 
 

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