Webzine Le Net Blues
Reportage: Pierre Lamontagne
PITLAMON@cvm.qc.ca
Carolyn Fe Blues Collective
Bad Taboo



Rami Cassab

Oisin Little 

Tim Alleyne 

Carolyn Fe

Dan Legault
C’est le 28 mai dernier qu’avait lieu le lancement de l’album BAD TABOO par le Carolyn Fe Blues Collective. Le troisième opus de la chanteuse montréalaise d’origine philippine est très attendu suite au succès du précédent disque ORIGINAL SIN qui a remporté le Lys Blues du meilleur album blues et style associé en 2012. C’est donc à LA MAISON DU JAZZ située au centre-ville de Montréal que Carolyn Fe et son band avait convié ses fans pour un spectacle de lancement. Les musiciens du groupe sont Carolyn Fe à la voix, Rami Cassab à la guitare, Tim Alleyne aux claviers, Oisin Little à la basse et Dan Legault à la batterie mais qui joue aussi sur scène du «cigar box guitar». Sur disque, on retrouve les collaborations spéciales du guitariste japonais Shun Kikuta (qui a joué avec Koko Taylor) et de Guy Bélanger à l’harmonica.
Le disque BAD TABOO nous offre treize pièces originales (sur des textes de Carolyn Fe) de style varié, passant du blues avec des teintes jazz à des chansons plus pop ou blues-rock. La conception de la pochette et les photos sont de l’artiste montréalais Litratista, tandis que l’enregistrement et le mixage ont été faits par Danny Legault.  Carolyn Fe est toujours très dynamique sur scène où elle danse sur plusieurs pièces en agitant son traditionnel éventail. Dès le début la pièce entrainante ALL ABOUT THEM avec son tempo pop, est certainement la pièce la plus commerciale du disque et mon coup de cœur sur l’album. On retiendra une belle version live de la pièce titre de BAD TABOO un slow blues sur laquelle Rami Cassab fait un solo de guitare bien senti. Sur LIFE’S JUST THAT GOOD on reconnait l’harmonica de Guy Bélanger qui amène une touche spéciale. Sur une autre pièce plutôt humoristique intitulé NOT ANYMORE, le public présent a embarqué avec Carolyn pour un défoulement collectif en chantant à tue-tête en chœur le refrain «I ain’t gonna take this bull sh** anymore!» : c’était le party à la Maison du Jazz! On retrouve aussi des pièces plus lentes telles que GOODBYE où on découvre le côté plus introspectif de la chanteuse sur des accords du claviériste Tim Alleyne ainsi que l’excellent slow blues intitulé REDEMPTION.

L’album BAD TABOO s’avère certainement un ajout intéressant à votre collection car il vous fera découvrir différents styles de musique blues qui nous montre l’étendu du talent du Carolyn Fe Blues Collective qui sait nous divertir autant sur disque qu’en spectacle. Avec BAD TABOO, laissez-vous séduire par Carolyn Fe qui nous montre qu’avec le blues certains tabous sont parfois permis… 

MP3 Promo - All About Them
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Pierre Lamontagne
 
 
 
 
 
Par: Barbara Diab
bdiab@videotron.ca
smokedmeatband.com
Entrevue
La chroniqueuse Barbara Diab a rencontré la chanteuse Carolyn Fe pour une entrevue exclusive pour le Magazine Le Net Blues à L’Aquarium Café Bar sur la rue Masson à Montréal.
Bonjour Carolyn! Qu’est-ce que le blues signifie pour toi?
Tout! Cette musique rentre dans l’âme. C’est essentiellement la même histoire exprimée en différentes façons. Il y a des niveaux de sens, une multitude d’émotions : en fait, c’est la condition humaine chantée de plusieurs façons. La musique blues est sortie des champs de coton et a aidé aux travailleurs de retourner aux champs jour après jour. Le blues, c’est très intelligent.

Parlez-nous de votre parcours de chanteuse de blues.
J’étais toujours dans le monde des arts : plus jeune, je faisais de la danse, puis en 2005, j’ai décidé de m’orienter vers la musique et le métier d’actrice. Au début, je faisais partie d’un groupe de style « euro jazz » qui s’appelait D.D. Swank de 2005 à 2008.  J’ai ensuite créé le Carolyn Fe Blues Collective en 2009.

Pourquoi vous appelez-vous « Collective »?
Tous les membres du groupe font un effort collectif sur chaque chanson. Il faut la présence de chacun pour construire nos pièces. Notre but, c’est de développer une identité musicale et pas seulement un son.

Comment voyez-vous les femmes dans le monde du blues?
Pourquoi me sentirais-je différente? Chaque artiste doit faire son chemin, homme ou femme.

Avez-vous un souvenir mémorable dans le milieu du blues?
Oh que oui! Lorsque j’avais 16 ans, j’étais au club Rising Sun. Une madame costaude m’a demandé de lui fredonner quelque chose. En m’écoutant, elle me conseillait, «Tu dois contrôler ta voix! Mets-la dans une boîte et donne-la au monde, ma chère! » C’était la regrettée Big Mama Thornton! Je n’ai jamais oublié cette rencontre…

Qui peut chanter du blues?
Il faut avoir du vécu, souffert, perdu et pleuré pour chanter du blues. Il s’agit de l’expérience de vie et il n’est jamais trop tard pour chanter du blues. Ce n’est pas un genre de musique puriste.

Parlons de votre 3e album qui s’intitule BAD TABOO. Un tabou est déjà mauvais, non?
Ah, deux négatifs égalent un positif. Sur l’album précédent, ORIGINAL SIN, j’étais fâchée, sarcastique; les tounes avaient beaucoup d’oxymorons et de niveaux de sens. BAD TABOO est un disque très structuré: on inclut différents styles de blues tels que jazzy blues, blues rock, blues pop, etc. La création est comme un processus d’accouchement et je me sens comme si j’avais donné naissance avec ce nouvel album.  Je suis aussi très heureuse de la collaboration de Monsieur Shun Kikuta, ancien guitariste de Koko Taylor et du grand harmoniciste montréalais, Guy Bélanger. 
 

Je remarque que la couverture de l’album est un portrait de vous en noir et blanc; vous vous ressemblez à quelqu’un d’un ancien film. 
Oh merci! La photographie est par Luc Guilbault et on voulait un look classique d’autrefois qui faisait un clin d’œil à mes racines asiatiques. Je suis arrivée à Montréal à l’âge de 8 ans de parents philippins. Très consciente de mon statut d’immigrant, j’ai travaillé fort pour m’intégrer à la société ici. Finalement, j’accepte ce que je suis aujourd’hui et j’aime mes racines asiatiques.

Selon vous, quel est l’état du blues aujourd’hui?
C’est stable mais ça n’atteigne pas la masse critique.
 

Que se passera-t-il à l’avenir pour le Carolyn Fe Blues Collective?
Après le lancement du disque, il y aura des dates de tournée au Canada et outremer. J’ai aussi démarré ma propre compagnie de production et avec mon agente, Colette Lachapelle, on continuera à se produire sur scène.

Merci, Carolyn, et bonne continuation!
 

Barbara Diab


 

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