Webzine Le Net Blues
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Par: Barbara Diab
bdiab@videotron.ca
smokedmeatband.com
Entrevue avec Ana Popovic
La déesse de la guitare en talons hauts !
-------www.anapopovic.com

 
 
Entrevue accordée le 25 août 2013 à Trois-Rivières.
Nous rencontrons aujourd’hui Ana Popovic (prononcé Popovitch), une auteure-compositeur-interprète née en Serbie et établie depuis peu à Memphis au Tennessee. Nominée quatre fois aux Blues Music Awards, la guitariste virtuose de 37 ans (souvent surnommée  la «Jimi Hendrix féminine») poursuit une brillante carrière internationale.

Bonjour Ana, bienvenue au Québec. Avez-vous toujours été musicienne? 
J’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de 15 ans et à 18 ans, j’avais mon premier groupe. À 22 ans, j’ai quitté la Serbie pour m’installer en Hollande où on m’a offert une bourse pour étudier le graphisme. J’ai finalement refusé la bourse et choisi d’étudier la guitare au Conservatoire de musique. Par la suite, j’ai travaillé fort pour perfectionner mon art en plus de donner des concerts en Europe. 

Vous habitez maintenant aux États-Unis?
Oui, je réside à Memphis au Tennessee avec mon mari et mes deux enfants: un garçon de 5 ans et une fille de 14 mois. Du lundi au vendredi, je suis maman à la maison tandis que les soirs j’écris des chansons quand les enfants dorment et les fins de semaines je fais mes spectacles. J’essaie d’organiser mon horaire pour que mes enfants puissent avoir une vie normale avec leur mère. 

Vous faites beaucoup de spectacles?
Je me restreins à environ cent trente par année car la vie en tournée est épuisante.  Par contre, en été, je peux faire une tournée de quatre semaines avec toute la famille. Je choisis des endroits pas trop loin de la maison pour éviter que mes enfants ne soient trop fatigués. En septembre, j’irai au Japon pendant trois jours, pour une série de six spectacles. Tout cela est possible grâce au support de mon mari…

Décrivez-nous votre style de musique.
C’est le style Ana Popovic! C’est un mélange de funk, soul, fusion, Delta blues… Je suis fière de mon band composé de neuf musiciens qui ont vraiment le groove de Memphis. Ici à Trois-Rivières, je suis accompagnée de Chris Keyes (claviers), John Williams (basse) et Tony Coleman (batterie). C’est d’ailleurs Tony qui a produit mon dernier album, CAN YOU STAND THE HEAT paru en 2013.

Vidéo - Ana Popovic Band
Ana Popovic
Qu’est-ce que vous aimez quand vous jouez au Québec? J’aime le Québec parce que les spectateurs québécois apprécient et connaissent la musique. De plus, ils sont très démonstratifs lors de mes concerts : un peu comme les italiens… J’aime rencontrer de nouveaux fans et découvrir de nouveaux pays comme le Japon, l’Indonésie et Dubai.  

Qu’est-ce que vous faites pour vous détendre? J’essaie d’équilibrer ma vie entre la musique, la famille et les amis. J’aime sortir et danser avec mes amies, faire des choses qui me plaisent autre que la musique (je ne sors pas souvent dans les bars de blues ou pour faire des jams…). Lorsque je suis avec des amis ou la famille je ne parle pas beaucoup de musique: je sépare ma vie personnelle et ma vie d’artiste. Aussi, pour me garder en forme et recharger mes batteries, je vais régulièrement au gym.

Merci Ana Popovic! On espère vous revoir chez nous en 2014 pour nous présenter votre nouvel album!
 

Barbara Diab


 

Entrevue avec Tony Coleman
Celui qui garde le rythme de B.B King à Ana Popovic !

-www.drummertonycoleman.com
Tony Coleman - John Williams - Ana Popovic
Suite à sa prestation de feu avec Ana Popovic lors de la soirée de clôture de Trois-Rivières en Blues, j’ai eu le plaisir et le privilège de discuter avec le batteur extraordinaire, Tony Coleman qui a gentiment accepté de répondre à quelques questions. Me voilà donc en compagnie d’un bluesman chevronné, qui a joué pendant deux décennies pour B.B. King!

Bonsoir M. Coleman; c’est un grand honneur de vous rencontrer. Quelle prestation magnifique!
Ah, merci !  Comme on dit «Un bon batteur fait un bon band, mais un mauvais batteur peut rendre mauvais même un bon groupe !» (Rire).

Vous êtes batteur depuis quand?
Depuis toujours, probablement même lorsque j’étais un fœtus. Depuis que le médecin m’a tapé les fesses à ma naissance, j’ai le blues!

Pourquoi jouez-vous du Blues?
Au début, je ne pouvais pas sentir le blues; je ne l’aimais pas du tout, car étant Noir américain, ça me rappelait une période sombre de mon histoire et de ma culture.  Cependant, le Blues a influencé tous ceux que j’aimais. Ceux qui jouaient dans des groupes du Rock n’ Roll comme les Rolling Stones étaient inspirés par des musiciens Blues noirs. Je commençais en être fier car le blues est tiré de notre expérience américaine. C’est notre cadeau au monde entier et à tous ceux qui luttent pour le respect. Je devais en faire partie car en jouant du Blues je rends hommage à tous ceux qui me l’ont enseigné. C’est une culture inclusive qui rend les gens heureux. JE suis le Blues!
Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu?
J’ai perdu ma mère lorsque j’avais 10 ans. Ma grand-mère nous a élevé avec cette phrase : « N’attend pas que quelqu’un te donne quelque chose. Il faut travailler pour ce qu’on veut. » Aussi à mon époque on avait l’expression: «Keep your eye on the prize!», voulant dire de ne jamais abandonner ce qu’on veut réaliser.

Quels sont les avantages et les désavantages de votre métier?
Lorsque j’étais jeune, c’était difficile pour un garçon pauvre et noir de Kissimmee en Floride d’avoir de l’espoir. Mais, j’ai toujours fait ce que je voulais et j’ai finalement connu du succès comme batteur. En 1978, B.B. King m’a offert un emploi dans son band. Depuis, j’ai visité 96 pays et j’ai joué avec plusieurs des grands du Blues tels que Bobby Blue Bland, Otis Clay, O.V. Wright, Albert Collins, Johnnie Taylor, entre autres. 

Et les désavantages…?
Il est difficile de concilier la vie de famille (femme, copine, enfants) avec le travail et les tournées de spectacle. C’est un sacrifice que j’ai dû faire car la musique m’inspire au fond de mon âme; je ne peux pas m’en passer.

Barbara Diab - Tony Coleman
Vous avez produit le dernier disque d’Ana Popovic, CAN YOU STAND THE HEAT en 2013. Avez-vous d’autres projets à l’horizon?
Oui. Je suis en train de rédiger mon autobiographie, MY LIFE AND THE BLUES. Il y a un chapitre qui s’intitule, «The King and I» en parlant de B.B. King et moi,  et un autre «From a King to a King» en référence à mon père, King Coleman.

King Coleman? Celui qui chantait MASHED POTATOES dans les années 60?
Oui, c’était mon père!

Super! Merci Tony Coleman. J’ai été ravie de faire votre connaissance. Merci d’avoir été si généreux avec moi. Je vous souhaite bonne soirée et bonne continuation. Attendez, je veux mon câlin!

Avec plaisir!

À ce moment, je lui ai offert un CD de mon premier « single », une pièce blues originale. Avec un gros sourire il m’a demandé : est-ce que vous en auriez une deuxième copie que je pourrais offrir à B.B.?  Humblement et sous le choc, j’écrivais : À B.B. King avec amour…
L’amour, le partage, les moments magiques: c’est ça, le BLUES!
 

Barbara Diab
 


 

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