Webzine Le Net Blues
-- Par: Patricia Clavel
patricia_clavel_netblues@hotmail.com
 

Les 40 ans des Allman Brothers


-- Musicalement parlant, l’année 2009 fut sans aucun doute l’année des Allman Brothers. Le groupe, qui célèbre cette année ses 40 ans de carrière, offrait au mois de mars dernier une série de spectacles en direct du Beacon Theater à New York. Une salle devenue un rite de passage pour les fans depuis 1989. Les 15 spectacles avaient pour but de rendre hommage au regretté guitariste et membre fondateur, Duane Allman. Le groupe a donc invité à l’improviste un grand nombre de musiciens tels que Eric Clapton, Kid Rock, Sheryl Crow, Buddy Guy, Johnny Winter, Taj Mahal, Billy Gibbons, The Grateful Dead, etc.

Les internautes ont d’ailleurs eu la chance de visionner ces spectacles en direct du site internet ‘‘Moogis’’, un tout nouveau concept créé par le batteur du groupe, Butch Trucks. Au coût de 125$, les fans pouvaient avoir accès en temps réel aux 15 concerts du Beacon Theater ou encore payer 15$ pour un spectacle seulement, qui leur assurait ainsi la meilleure place, digne d’une première rangée. Je vous invite à consulter le site internet www.moogis.com. Vous pourrez y visionner une panoplie de spectacles (payants) et d’entrevues avec différents artistes.

De toute évidence, le Net Blues ne pouvait ignorer les 40 ans de ce groupe qui a certainement légué un héritage musical important avec 26 albums vendus sur le marché. Pour ce faire, j’ai effectué une entrevue avec Butch Trucks, dans laquelle celui-ci nous parle de son concept ‘‘Moogis’’ ainsi que des ABB. Vous retrouverez également un article que j’ai écrit sur l’historique du groupe ainsi que plusieurs photos prises lors de la série de spectacles offerte au Beacon Theater en mars dernier. Bonne lecture!
 
 


L'histoire des Allman Brothers

La naissance
Le groupe des Allman Brothers s’est formé au mois de mars 1969, à Jacksonville en Floride. Alors que trois des membres fondateurs, soit le guitariste Duane Allman, le bassiste Berry Oakley et le batteur Jai Johnny Johnson (Jaimoe) effectuaient des enregistrements studio au Muscle Shoals en Alabama. Le gérant d’artiste Phil Waden, réputé pour avoir géré la carrière d’Otis Redding et fondateur de Capricorn Records approcha Duane afin de le convaincre de créer un groupe plutôt que de se limiter à jouer en studio. Même si Duane avait côtoyé des artistes tels que Aretha Franklin ou Wilson Pickett et qu’il gagnait en popularité à travailler uniquement en studio, celui-ci voulait concrétiser ses propres projets. 
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-- Duane fait donc appel à Oakley et Jaimoe ainsi qu'à Dickey Betts, le guitariste du groupe ''Second Coming'' dont fait également partie Berry Oakley. Duane réussit à convaincre son frère, Gregg Allman, à revenir de Los Angeles, là où il tentait une carrière solo et d’intégrer le nouveau groupe auquel venait de s’ajouter un deuxième batteur, Butch Trucks, engagé lors d'un jam organisé par Duane. Gregg Allman, parti depuis 11 mois à Los Angeles, ne se doutait point que son frère avait, pendant ce temps, appris à jouer de la slide de façon si prodigieuse. Ce n’est qu’à son retour, qu’il pu constater l'ampleur de son talent lorsque, pour la première fois, il joua avec le groupe, le 26 mars 1969. Les membres pratiquaient alors la chanson ‘‘Trouble No More’’ de Muddy Waters et Gregg devait en assumer le vocal. Une sorte de symbiose étant au rendez-vous, c’est ainsi que prit naissance la formation The Allman Brothers Band, aujourd’hui quadragénaire.

L’essence même des Allman Brothers et ce qui les distinguera davantage sur la scène musicale, tout au long de leur carrière, est l'énergie qui émerge de chacun des musiciens. Ceux-ci donnant constamment le meilleur d’eux-mêmes, avec une intensité rare. À l’époque, l’influence jazz au sein du groupe, provenait de Jaimoe qui n’écoutait que ce style musical. 

 Il faisait entendre aux autres membres les disques de Miles Davis ou John Coltrane et plusieurs des arrangements à la guitare provenaient de la façon dont ces deux jazzmen avaient de jouer ensemble. Duane et Gregg, quant à eux, préféraient une approche puriste du blues alors que Berry Oakley et Dickey Betts optaient davantage pour le blues/rock. Ce dernier incluait aussi le son country qui pouvait s’entendre à l’occasion.
 
At Fillmore East
Le premier album éponyme du groupe sortit en novembre 1969 et se vendit à moins de 35 000 copies. Le second album, ‘‘Idlewild South’’,  aura vu le jour moins d’un an plus tard et accoucha de pièces bien connues, dont ‘‘Midnight Rider’’, ‘‘Revival’’ ainsi que la pièce instrumentale de Dickey Betts: ‘‘In Memory of Elizabeth Reed’’. Toutefois, le résultat des ventes escomptées n’était pas celui espéré par le groupe. Les Allman Brothers en arrivèrent donc à la conclusion que leur force était sur la scène et non en studio. Ce qui les amenèrent à enregistrer un album double live, ‘‘At Fillmore East’’. Pour ce faire, le groupe offrit trois concerts de suite, soit les 11, 12 et 13 mars 1971, au théâtre Fillmore East à New York. Cet album captera le son représentatif du groupe, dans lequel les musiciens ont joué chaque note avec exaltation. Pour Dickey Betts, il s’agit d’un des meilleurs projets musicaux enregistré sur album. Les nombreuses ventes de ‘‘At Fillmore East’’ auront finalement apporté gloire et argent au groupe. L’album fut certifié or le 14 octobre 1971. Quinze jours plus tard, le groupe ne pouvait déjà plus savourer son succès, puisqu’une énorme tragédie allait s’abattre sur les Allman Brothers.
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La tragédie

-- Alors que le groupe est en pause d’enregistrement pour le prochain album intitulé ‘‘Eat a Peach’’, Duane Allman est victime d’un terrible accident de moto qui lui coûtera la vie le 29 octobre 1971, à Macon en Géorgie. Le groupe qui avait déjà enregistré plusieurs pièces pour ‘‘Eat a Peach’’, décida de continuer l’enregistrement et Dickey Betts assuma les parties normalement jouées par Duane Allman. L’album double offrait trois pièces enregistrées au Fillmore: ‘‘Trouble no More’’, ‘‘One Way Out’’ ainsi que l'interminable ‘‘Mountain Jam’’, une pièce de 33 minutes sur un morceau de Donovan, ‘‘First There Is a Mountain’’. Le reste fut terminé en studio, mêlant des morceaux acoustiques dépouillés tels que ‘‘Melissa’’ et ‘‘Little Martha’’, ou encore plus rock, comme ‘‘Blue Sky’’. L'album s'ouvre sur un hommage à Duane Allman, ‘‘Ain't Wastin' Time No More’’. Il s’agit malheureusement du dernier album sur lequel nous pouvons entendre le guitariste, parti beaucoup trop tôt à l’âge de 24 ans, alors qu’il jouait de la guitare slide depuis moins de 4 ans.
Ce dernier est d’ailleurs consacré aujourd’hui par la revue Rolling Stone, comme étant le deuxième meilleur guitariste de tous les temps, juste derrière Jimi Hendrix. Son importante participation sur l’album d’Eric Clapton, ‘‘Layla and Other Assorted Love Songs’’, lui fera également mériter bien des éloges. Peu de temps après, Ronnie Van Zant de Lynyrd Skynyrd lui dédicace la chanson ‘‘Free Bird’’.

Le groupe repart donc sur la route mais traîne avec lui l’immense perte de Duane. Les cinq musiciens n’ajoutent personne à la formation et tentent de faire leur possible en livrant la musique que Duane leur a léguée. Ils jouent pour honorer sa mémoire et sentir sa présence. Plus tard, les ABB ajouteront un nouveau membre au groupe : le pianiste Chuck Leavell, qui avait joué auparavant pour un album solo de Gregg Allman. Leavell participe donc à l’enregistrement du cinquième album, ‘‘Brothers and Sisters’’ et réintègre le studio pour le prochain disque. Une autre tragédie s’acharne toutefois sur le groupe. Le bassiste Berry Oakley perd la vie le 11 novembre 1972 dans un accident de moto et dans les mêmes circonstances que Duane, deux semaines après l’anniversaire du décès de celui-ci et à trois blocs du lieu de l’accident. Le groupe subit un double deuil.

Un nouveau départ

Les ABB se voient donc contraints d’accueillir un nouveau bassiste, Lamar Williams, afin de terminer la session d’enregistrement de ‘‘Brothers and Sisters’’, qui sortira au mois d’août 1973. L’album sera le premier à atteindre le numéro un des palmarès, grâce aux populaires singles ‘‘Ramblin’ Man’’, ‘‘Jessica’’ et ‘‘Southbound’’. Ce cinquième album aura conféré aux ABB le statut de rock stars et désormais le groupe fut considéré comme l’un des meilleurs au pays.

Par le temps que l’album live ‘‘Wipe the Windows, Check the Oil, Dollar Gas’’ soit sorti en 1976, le groupe n’existait déjà plus et ce n’est qu’en 1978 que les membres se retrouvèrent, avec le guitariste ‘‘Dangerous’’ Don Toler qui avait joué avec Betts au sein de son groupe ‘‘Great Southern’’. Les ABB sortirent alors l’album ‘‘Enlightened Rogues’’ au début de l’année 1979, mais l'unisson n’y était plus et ne pouvait se mesurer à la formation originale. N'ayant plus de guitariste de slide, Betts se voyait obligé de prendre la relève, ce qu’il n’aimait pas. 

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Ce rôle lui enleva le son particulier qui émanait habituellement de sa propre guitare. Le groupe se sépara en 1981, alors que leur nouvelle compagnie de disque ‘‘Arista’’ tentait de transformer la tonalité du groupe. Deux albums paraîtront dans les années 80, soit ‘‘Reach for the Sky’’ et ‘‘Brothers of the Road’’. Leur parution sera considérée par Gregg Allman comme étant frustrante et embarrassante pour le groupe. Durant ces années, les membres participeront à des tournées au sein de différentes formations. 

Les retrouvailles

À la fin de la décennie, la compagnie Epic Records avait sous contrat Gregg Allman et Dickey Betts et suggéra aux Allman Brothers de se rencontrer pour des retrouvailles. Le groupe partit sur la route avec deux nouveaux musiciens, le guitariste Warren Haynes qui jouait avec Betts depuis plusieurs années et le bassiste Allen Woody, choisi pendant une audition. Les ABB retournèrent donc en studio pour sortir l’album ‘‘Seven Turns’’ en 1990. Un album qui, pour plusieurs, allait déterminer si le groupe méritait ou non un retour sur le marché, puisque s’étant séparé pendant quelques années, le pouls du public n’avait pas été tâté depuis longtemps. Mais sans aucun doute, le groupe fit un retour en force, acclamé par ses fans et produisit l’année suivante ‘‘Shades of Two Worlds’’, suivi de deux albums live et de ‘‘Where It All Begins’’ en 1994.

Les Allman Brothers firent leur entrée au Rock and Roll Hall of Fame en janvier 1995. Deux ans plus tard, Haynes et Woody quittaient le groupe afin de poursuivre leur carrière à temps plein du trio ''Gov’t Mule'', dans lequel ils faisaient tous deux partie.

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Gregg Allman
Le groupe les remplaça par le bassiste Oteil Burbridge et le guitariste Jack Pearson. Pearson quittera toutefois l’aventure en 1999 et sera remplacé par un jeune guitariste de 19 ans et neveu de Butch Trucks, Derek Trucks. Celui-ci reçoit déjà malgré son jeune âge de nombreux éloges et se forge une réputation à la hauteur de son talent. Un an plus tard, suite à une tournée plus ou moins réussie, le groupe annonce à Dickey Betts qu’il ne fera plus partie de la tournée d’été. Le guitariste est avisé par l’intermédiaire d’une lettre, à laquelle il répondra en engageant un avocat puis en poursuivant le groupe en justice. Le groupe doit faire face à plusieurs semaines d’arbitrage et la chicane est bel et bien installée entre Betts et les autres. Gregg Allman s’expliquera en disant que la musique du groupe a souffert du comportement de Dickey Betts lors de la tournée au printemps et il se plaignait que le groupe doive s'exécuter en fonction du jeu de Betts.
-- Au mois d’août 2000, Warren Haynes est invité à réintégrer le groupe, suite à la mort d’Allen Woody qui provoquera l’incertitude quant à l’avenir de ''Gov’t Mule''. Haynes accepte ainsi de faire partie, à titre d’invité, d’un spectacle d'ABB offert au Beacon Theater à New York. Le courant passe entre Derek Trucks et Haynes. Leur complicité se développera encore davantage au fil des ans et Haynes accepte donc de rejoindre à nouveau le groupe. Un album verra le jour en 2003, ‘‘Hittin’ the Note’’, le dernier à offrir du nouveau matériel. 

 Certains diront à la blague que Derek Trucks est la réincarnation de Duane Allman. Son jeu de guitare slide incroyable le propulse au 81e rang des 100 meilleurs guitaristes établis par le magazine Rolling Stone. Trucks joue encore aujourd’hui avec les ABB, en plus de son propre groupe et a fait également partie de la tournée d’Eric Clapton. Le jeune guitariste s’assure simplement de rendre hommage aux Allman Brothers, un groupe qui, malgré les hauts et les bas, survit toujours aujourd’hui, 40 ans plus tard.


 
 

Entrevue avec le batteur de The Allman Brothers : Butch Trucks
Entrevue version originale anglophone -->

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Les Allman Brothers avec Eric Clapton au Beacon Theater New York

Butch Trucks

The Allman Brothers ont terminé en mars dernier une série de 15 spectacles au New York Beacon Theater.  Est-ce que le résultat final a répondu à vos attentes et, si oui, qu’elles étaient-elles exactement ? Je ne suis pas trop certain de savoir comment répondre à ces questions.  Mes attentes demeurent et demeureront toujours de jouer la meilleure musique dont je suis capable et de faire en sorte que les autres personnes qui m’accompagnent puissent faire de même.  La récente tournée Beacon se situe pour moi au sommet de ces accomplissements.  Chaque spectacle et chaque invité ont offert quelque chose de différent mais en bout de ligne chacun des 15 spectacles a été incroyable.  Je n’ai jamais auparavant vécu une expérience musicale aussi puissante que cette série de 15 spectacles.  Ils ont été aussi bons qu’ils ne l’ont jamais été, tant musicalement qu’émotionnellement.  J’imagine que ce que je tente de faire maintenant c’est de les surpasser.

-- Je sais que des invité(e)s surprises ont effectué quelques apparitions spéciales ici et là, comment c’était ? Avez-vous une anecdote particulière à nous raconter ? Ce fût un mélange de plusieurs choses.  Comment comparer Taj Mahal avec Randy Brecker, ou Johnny Winter avec Sheryl Crow?  Tous et chacun ont contribué de leur propre voix et en quelque sorte nous avons tous réussi à dialoguer ensemble.  Il y a eu en tout 67 invité(e)s et je crois que la meilleure anecdote qui me vienne à l’esprit est le fait que nous soyons parvenus à jouer plus de 100 différentes chansons durant ces 15 spectacles, dont plusieurs d’entre elles pour la première fois, sans qu’il n’y ait aucune catastrophe !

Avez-vous déjà considéré une réunion avec votre ex-second guitariste Dicky Betts, particulièrement à l’occasion de l’année du 40e anniversaire du Allman Brothers Band ? Nous l’avons invité à se joindre à nous pour la tournée Beacon mais nous n’avons reçu aucune réponse de sa part.

Est-ce que vous avez gardé contact avec lui ? Non.

Après 40 ans de succès, est-ce qu’il existe encore des rêves ou des objectifs à accomplir pour ce groupe ?
Rien ne me vient en tête.  Je me contente juste d’apprécier l’intensité avec laquelle le groupe continue de jouer.  À maintes occasions, lorsque je quitte la scène en fin de soirée, je me surprends encore à penser que je suis payé pour avoir autant de plaisir.  Après avoir fait cela pendant plus de 40 ans, qu’est-ce que je peux demander de mieux ?

Est-ce que je peux me permettre de vous demander quels sont vos projets d’avenir ?  Peut-on espérer qu’une tournée canadienne en fasse partie ? Nous débutons tout juste une tournée estivale de 56 spectacles.  Nous avons commencé sur la côte ouest et nous terminerons avec le Midwest et la côte est.  Je suis désolé mais nous n’avons pas été en mesure de planifier aucun spectacle au Canada cette année.
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Derek Trucks - Suzan Tedeschi
Mise à part votre incroyable musique, à quoi d’autre en particulier estimez-vous pouvoir attribuer votre succès et votre longévité ? La sobriété, une bonne santé et demeurer en forme.  Je travaille avec un entraîneur personnel lorsque nous sommes en congé.  Cela exige beaucoup d’énergie lorsque nous jouons à un si haut niveau d’intensité pendant trois heures.

Je suis certaine qu’il y en a plus d’un et même plusieurs autres à venir, mais est-ce qu’il existe un événement ou un accomplissement spécial qui représente pour vous l’apothéose de votre carrière ? À ce moment-ci, je dois dire la tournée Beacon de cette année.

 MOOGIS

Vous avez créé un nouveau concept internet nommé Moogis: soit un site internet qui pour 125$ offre à vos fans un accès direct à toutes les grandes performances des Allman Brothers au Beacon Theatre. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous servir d’un tel medium ? Estimez-vous qu’il offre une expérience plus riche ou des options plus intéressantes qu’un DVD ? Est-ce seulement une expérience ou plutôt un projet à long terme ?

Le concept Moogis a évolué à partir d’une tentative ratée de créer un label (?) destiné au marché « jam band » qui aurait donné à l’artiste des droits de propriété dans ce même label.  Comme vous pouvez probablement le penser, tenter de se partir son propre label ces jours-ci n’est pas la chose la plus intelligente à faire.  Quand j’ai décidé de mettre cette idée de côté, j’ai tenté de conceptualiser un modèle qui pourrait venir remplacer les labels et les stations de radio qui échouent en tant qu’un nouveau système de distribution et d’exposition.  Moogis représente ce modèle.  Les communautés d’aujourd’hui se retrouvent sur l’internet.  Lorsque j’étais enfant, je rentrais à la maison et rejoignais mes amis pour aller jouer à la balle ou autre chose.  Maintenant, la plupart des jeunes rentrent à la maison et interagissent avec leurs amis via l’internet.  Mon but est de faire en sorte que Moogis puisse être disponible sur une base quotidienne avec des concerts chaque soir.  Le site donnera aussi accès à une multitude de vidéos des actuels et éventuels nouveaux « jam bands ».  Non seulement Moogis offrira aux fans de musique un endroit où se retrouver entre amis qui partagent les mêmes goûts musicaux, il donnera en plus aux nouveaux groupes la chance de se faire voir sur la scène nationale et même internationale.
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De plus en plus de magasins de musique et de compagnies de disques disparaissent chaque jour en raison de la disponibilité exponentielle de la musique sur internet.  Le fait que vous ayez créé le concept Moogis démontre que vous comprenez et possédez la capacité de vous adapter aux nouvelles technologies.  Comment pensez-vous que ce phénomène affecte l’industrie de la musique et qu’est-ce vous entrevoyez pour le futur ? J’ai espoir que le concept Moogis fonctionnera et perdurera.  Cela permettrait enfin aux musiciens de bien gagner leur vie.  Aujourd’hui, avec la disparition des compagnies de disque et les stations de radio qui diffusent une musique de moins en moins originale et de bonne qualité, il est très difficile pour une nouveau groupe de percer.  Moogis offrira une solution à ce problème.  Nous avons aussi un modèle de partage des revenus qui permettra aux groupes qui débutent de survivre financièrement tout en se consacrant uniquement à leur art.

Êtes-vous préoccupé par ces changements, ou est-ce que vous percevez plutôt ce problème comme étant une évolution naturelle et inévitable de l’industrie de la musique ? Il est évident que l’internet a changé le monde.  Je suis d’avis que quiconque télécharge une chanson illégalement commet un vol.  Ceci est clair pour moi.  J’aimerais bien voir quelqu’un qui vend des souliers pour gagner sa vie permettre à n’importe qui de venir dans son magasin et prendre une paire de souliers sans payer. 

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Taj Mahal
Ces gens gagnent leur vie en vendant des chaussures, les musiciens gagnent leur vie en vendant leur musique.  Lorsque vous volez leurs chansons vous les privez de leurs revenus.  Cela étant dit, je ne crois pas que les gens vont subitement développer un sens de l’éthique qui permettra ainsi aux ventes musicales de constituer une source de revenus suffisante pour la plupart des musiciens.  Moogis se veut un moyen de rentabiliser les concerts live de façon à ce que tout le monde puisse en bénéficier.  Bien entendu, il n’y a rien que nous ne puissions mettre sur Moogis qui ne puisse être copié ou volé d’une façon ou d’une autre, mais il n’y rien non plus qui ne puisse remplacer l’expérience « live ».   Assister en personne à un spectacle demeurera toujours la meilleure façon de voir un groupe, mais puisqu’il est impossible d’assister à tous les spectacles, nous aimerions que le modèle Moogis devienne une seconde option digne de choix. 
 
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Jaimeo
BUTCH TRUCKS

Vous êtes le batteur des ABB depuis le tout début; il va sans dire que vous avez acquis beaucoup d’expérience au cours des ans en tant que musicien.  Est-ce qu’il vous arrive encore d’apprendre de nouvelles choses, ou que vous soyez influencé par les techniques ou les approches de d’autres batteurs ? Rendu à ce stage-ci, non, pas vraiment.  J’ai fait mon apprentissage il y a de cela plusieurs années.  Maintenant, j’apprends plutôt en jouant.

Quels autres groupes ou artistes récents écoutez-vous ces jours-ci ?
Pour être honnête, je n’écoute pas vraiment beaucoup de musique ces jours-ci.  Quand je le fais j’ai plutôt tendance à écouter des vieux albums de jazz classique tels que « Kind of Blue » de Mile ou « My Favorite Things » de Trane.  Je préfère plutôt occuper mon temps à conduire dans les alentours tout en écoutant des lectures collégiales sur la philosophie, l’histoire er la littérature.  Je poursuis toujours mon éducation.

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The Allman Brothers 2009
Parlez-nous de votre relation avec votre neveu : le guitariste Derek Trucks ? Derek est, comme vous le dites, mon neveu.  Il s’avère qu’il est aussi une bonne personne, décente, intelligente et dont pour qui j’ai la plus grande estime.  À titre de guitariste pour les Allman Brothers, c’est toute une autre histoire.  Notre lien de parenté a peu à voir avec notre relation de musiciens qui jouent ensemble.  Il est l’un des meilleurs guitaristes au monde et je me sens privilégié d’avoir la chance de jouer à ses côtés.

Le fait de connaître une carrière musicale professionnelle de quarante ans représente tout un accomplissement en soi, connaître 40 ans de succès en musique semble défier toute logique.  Avez-vous déjà pensé quand tout cela a commencé que les ABB continueraient de jouer ensemble pour si longtemps ? Pour être honnête, “penser” n’était pas vraiment quelque chose que nous faisions beaucoup il y a quarante ans.  

On se contentait plutôt de vivre le moment présent.  C’est juste qu’on se retrouve maintenant quarante ans plus tard.  Je crois que c’est là l’une des raisons pour laquelle nous avons fait ce que nous avons fait.  Nous n’avons jamais planifié de devenir célèbre.  La musique était et demeurera toujours notre seule et unique motivation.

À quel genre d’expérience pensez-vous que la foule peut s’attendre pendant l’un de vos spectacles ? S’ils aiment le genre de musique que nous jouons, ils peuvent s’attendre à vivre de nouvelles expériences à chaque fois qu’ils viendront nous voir.

Merci beaucoup !

Patricia Clavel
 

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